Premièrement, si le départ semble prometteur et installer doucement les bases de l'intrigue, l'un des problèmes récurrents surgit assez rapidement : le traitement des personnages. On voit à peu près bien tous les types de personnalités qui peuvent exister dans une classe, mais trop souvent les réactions ne sont pas crédibles quand-à certaines situations, ce qui rend des personnages assez caricaturaux dans l'ensemble, du coup le réalisme - cher aux films allemands - en prend un coup. Heureusement, le charisme de Jürgen Vogel rattrape le déséquilibre. Mais le plus important reste le sujet, et celui-ci, traité avec de gros sabots, ne prend véritablement jamais la forme que l'on peut attendre. Alors que le film se termine, on pourrait croire qu'il n'a pas encore commencé. Toutes les bases se mettent en place, les jours défilent, et le problème ne se résout pas. La scène finale avec le discours de Reinar, politique et propagandiste, particulièrement surréaliste pour le coup, dénote terriblement avec l'ensemble et fait basculer le film dans un côté dramatique une nouvelle fois exagéré. Certes, les intentions sont louables, et le film permet au plus grand nombre de s'intéresser aux dangers d'une communauté naissante, soudée, et prête à aller jusqu'à la dictature pour soutenir ses opinions, mais le film montre t-il vraiment cela au fond ? Démontre t-il jusqu'où l'être humain est capable d'aller quand il sent le pouvoir dans ses mains, quand il se sent tout puissant ? J'ai plus l'impression que "La Vague", au milieu de l'intrigue amoureuse des deux héros, opposés dans leur convictions vis à vis de la Vague, nous montre comment une bande de lycéens un peu immatures se laissent bouffer le cerveau par leur charismatique professeur, preuve en est à la scène finale. "La Vague" montre donc davantage le comportement communautariste de l'être humain face à un leader tout-puissant, mais il ne nous montre pas ou peu l'individualité de l'être humain face au régime dictatorial qui apparaît soudain. Je conseille ainsi un autre film - allemand - sur ce sujet mais bien plus concret et tiré d'une histoire vraie, qui traite de ce comportement versatile, autrement plus éprouvant et plus didactique : "L' Expérience" ("Das Experiment"), sortie en 2001. Concernant "La Vague", on ne peut pas dénigrer le bon vouloir du réalisateur, mais il ne va pas au bout des choses, c'est à peine s'il les effleure et c'est dommage.