Les Citronniers, 2008, d’Eran Riklis, avec Hiam Abbass, Ali Suliman et Rona Lipaz Michael. Musique de Habib Shehadeh Hanna qui a fait la musique d’un petit bijou de cinéma, La Visite de la Fanfare, film également israélo-palestinien. Riklis nous avait déjà offert une petite merveille avec La Fiancée syrienne, chef d’œuvre de finesse et de délicatesse, assis également sur les rapports ô combien difficiles entre Israéliens et Palestiniens. Je dirais que là, il fait un peu moins bien, car son scénario, dont le début est totalement invraisemblable (qui peut croire que le Ministre israélien de la Défense va benoîtement s’installer dans une villa de Cisjordanie, qui jouxte des terres palestiniennes, en Territoires occupés ??), flirte en permanence avec le danger de la simplification (les bons d’un côté, les méchants de l’autre), mais on retrouve son immense talent d’exprimer des sentiments, des émotions, des souffrances et des bonheurs, l’âme des gens et des situations (et même des arbres !) avec une retenue et une dignité bouleversantes. Il choisit des comédiens formidables, qui jouent avec une justesse fantastique. Hiam Abbass, qui rappelle l’altière Irène Pappas, nous en dit long, avec ses silences grandioses, sur l’absurdité de la paranoïa sécuritaire d’Israël, mais aussi, sur la condition féminine. On comprend que le ressenti d’une femme est celui de tout un peuple et l’espoir naît discrètement du fait que l’autre femme, l’épouse du ministre israélien, est prise au piège, et elle le sait, d’une situation qu’elle commence à juger. Peut-être la paix, seul avenir possible entre les deux peuples aujourd’hui ennemis, est-elle entre les mains des femmes…