Après avoir rencontré un franc succès avec son premier long-métrage Love Actually, le britannique Richard Curtis a puisé dans ses propres souvenirs d'enfance pour réaliser son nouveau film. Fin des années sixties, le réalisateur faisait parti des millions de britanniques qui écoutaient les transmissions illégales de radios pirates basées sur des bateaux en mer du Nord, les seules à diffuser 24h/24h de la pop et du rock dans le pays. Le cinéaste profite ainsi de l'occasion pour clamer son amour à la musique de cette époque, en passant par les Beatles, The Kinks, The Beach Boys, The Who jusqu'à Jimi Hendrix. Un cocktail musical ultra réjouissant qui rythme avec énergie le long-métrage, pour un retour en arrière fun et enjoué. On se retrouve alors à découvrir le quotidien de Radio Rock, une radio qui s'évertue à satisfaire le peuple britannique en quête d'évasion, de musique colorée, et d'un soupçon de politiquement incorrect, les arrachant ainsi à leur existence parfois terne et convenue. Ainsi, durant plus de deux heures, on embarque sur ce rafiot qui sent bon le rock et les années 60, un voyage dans le temps où l'on ne boude jamais son plaisir. La faute à une bonne humeur communicative, à une ambiance colorée, fun, et diablement rock'n'roll, sur un bateau au quotidien fait de musique, de débauche, de convivialité, et de jolies filles. A bord, on découvre l'équipage, dont bien sûr les DJ's, tous plus originaux et excentriques les uns que les autres (voire complètement barrés..), et d'autres personnages hauts en couleurs. Une vie marginale où le mot "liberté" prend tout son sens, où la musique peut retentir sans censure ni condition. Un joli hommage à ces passionnés qui ont marqué à leur façon l'histoire de la musique au Royaume-Unis, qui ont fait le choix de faire bouger les choses, d'aller contre l'ordre et la culture établi par le gouvernement britannique, afin de faire partager au plus grand nombre une musique quasi-absente des programmations des radios d'État. Pour interpréter toute cette fine équipe, Richard Curtis a su s'entourer d'un casting british haut de gamme, réunissant sur le même plateau (ou plutôt bateau) Nick Frost, Bill Nighy, Rhys Ifans, Kenneth Branagh ou encore l'américain Philip Seymour Hoffman dans le rôle du comte. J'ai d'ailleurs beaucoup d'affection pour ce personnage, qui malgré un égo sur-dimensionné, semble ne vivre que pour le rock'n'roll, et ne se sent véritablement libre que derrière un micro. En plus d'une distribution judicieuse et d'une réalisation efficace et pêchue, Richard Curtis signe ici un excellent scénar', qui conte le quotidien peu orthodoxe des individus habitant le bateau, ainsi que les manigances d'un représentant ultra rigide de la chambre des communes pour éradiquer les radios pirates. Mais Good Morning England c'est aussi un récit initiatique, celui d'un jeune garçon qui va grandir et connaître les expériences de la vie aux côtés d'individus hyper cool, bien que peu recommandables, l'amenant vers le passage à l'âge adulte. Si le film reste dans son ensemble fun et plein de vitalité, avec son ambiance délurée et son humour "so british", on a quand même droit à quelques séquences émotions, signe que la vie en communauté n'est pas toujours partie de rigolade, comptant son lot de rivalités ou de querelles amoureuses. Des ralentissements de cadence néanmoins bien dosés, puisque le long-métrage ne perd en rien de son aspect léger et décontracté. Vous l'aurez donc sans doute compris, il y a autant de bonnes raisons de regarder Good Morning England que d'écouter un bon vieux morceau de rock. Vous y trouverez une aventure musicale, colorée, drôle, délurée, où l'on prend joyeusement son pied. On en redemande !