Alors c’est vrai, Johnny Mnemonic a vieilli sur le plan visuel, mais enfin, il faut aussi lui concéder, c’est un des métrages SF marquant des années 90, et qui affiche plein de bonnes idées.
Au casting des acteurs efficaces, jusque dans les seconds rôles, le tout emmené par un Keanu Reeves plutôt convaincant dans la peau de ce personnage bcbg qui se retrouve dans une situation peu confortable. Il arrive assez bien à camper le type dépassé par les évènements, même si à mon sens l’excentricité des seconds rôles fait qu’on l’oublie parfois un peu. Imaginez, Lundgren en prêtre tueur, Meyer en morte-vivante, Kier en patron maquillé comme une voiture volée, Ice-T en loubard (bon ça c’est moins surprenant !), c’est du lourd, et on s’amuse franchement avec ces cas particuliers. Les interprètes au demeurant se lâchent complétement, en particulier Lundgren.
Le scénario est alerte. L’histoire est intéressante mais le propos pas forcément assez développé. Le film aurait pu approfondir ses bonnes idées, où tout du moins les rendre plus claires au spectateur qui se retrouve parfois prit entre pas mal de choses pas toujours des plus évidentes. Mais enfin l’action est là, il y a quelques scènes sanglantes étonnantes, une pointe d’humour noir, et la tonalité du film est une réussite.
Visuellement Johnny Mnemonic est une belle réussite, mais comme je le disais il a vieilli dans ses effets spéciaux. C’est un peu le point négatif, même si ce n’est pas rédhibitoire, et la mise en scène de Longo laisse parfois à désirer elle aussi. On sent qu’il a beaucoup plus plancher sur l’esthétique que sur la réalisation pour laquelle il n’avait pas une grande expérience, ce qui se ressent dans les scènes d’action. Néanmoins les décors, l’ambiance, la photographie, le choix des couleurs et des costumes, tout cela témoigne d’une attention certaine, et fait de Johnny Mnemonic un métrage étonnement graphique. En tout cas, dans les années 90, avec son budget, ce film se démarquait vraiment en terme de proposition de monde futuriste, et on sent vraiment le réalisateur-plasticien qu’est Longo, à l’image d’ailleurs du Hardware de Stanley. Les choix musicaux tiennent la route aussi.
Au final Johnny Mnemonic est un métrage SF à voir, incontournable à mon sens pour ceux qui aiment le genre, et en dépit de lacunes qui l’empêche de s’imposer totalement. Scénario trop elliptique, mise en scène maladroite parfois et effets visuels pas toujours complétement pertinents l’affaiblissent un peu. 3.5.