Ninja Assassin n’est pas vraiment à la hauteur des attentes qui reposaient sur lui, s’avérant finalement très inégal, trop sans doute pour vraiment se placer décemment dans le genre.
Coté acteur certes c’est plutôt convaincant. Rain, qui mène la danse, s’en tire fort bien avec une présence réellement charismatique, un physique athlétique tout à fait adapté au personnage, et un jeu d’acteur certes assez fade, mais qui convient relativement bien à un samouraï très inexpressif par définition. A ses cotés Naomie Harris passe honorablement, et forme un duo attractif avec Rain, bien qu’elle apparait au final légèrement sous-exploitée en dépit de son rôle central dans l’histoire. Le meilleur du lot reste cependant Sho Kosugi, qui dans le rôle du maitre tyrannique devenant ensuite l’antagoniste du film, est très efficace, vraiment. Bon, après les rôles secondaires sont vite expédiés, et même les rôles principaux n’ont clairement pas l’épaisseur requise pour emporter le morceau. La vie de Rain est tout de même bien cliché et sans surprise.
L’histoire est un problème majeur. Certes on ne veut pas forcément réfléchir en regardant ce genre de film, j’en conviens, mais là faut pas pousser. C’est écrit à la truelle, l’histoire est tellement vue et revue que le chemin n’est plus simplement battu mais s’est transformé en véritable tranchée. Les incohérences s’accumulent à un rythme effarant (Rain qui se ramasse des coups de sabre en masse mais se retrouve à la fin avec deux égratignures aux abdos et dans le dos par exemple), la fluidité est infâme (l’enchainement des scènes est d’une médiocrité sans nom, malgré des flash-backs justifiés) et puis que de redondances ! C’est combat sur combat, sauf que ce sont presque toujours les mêmes ! Dommage.
La mise en scène de McTeigue est très bonne en revanche. Tout est d’une grande fluidité et d’une grande lisibilité, c’est vraiment proprement fait, et les effets de style (ralenti notamment) sont exploités avec parcimonie et intelligence. Je retrouve la belle impression que j’avais eue sur V pour Vendetta. La photographie ne manque pas de raffinement elle aussi, avec de jolis contrastes lumineux, un usage judicieux des scènes nocturnes (même si certaines sont un peu sombres ce qui gêne la visibilité des combats) et un final au milieu des flammes qui est vraiment beau. Les décors sont corrects, mais un poil inférieur à mes attentes, avec des choses assez basiques qui ne s’alignent pas sur la qualité des images et de la réalisation. Alors bien sur on ne peut pas parler de Ninja Assassin sans parler de ses effets sanglants. Ils sont très nombreux, et le film joue clairement la carte de la surenchère en la matière. Ce n’est malheureusement pas top. Trop d’artificialité, trop d’effets numériques qui se concentrent uniquement sur les giclées de sang (totalement surréalistes !) mais pas sur les blessures ! Ce qui fait que l’on a des types avec des hectolitres de sang qui s’échappent d’eux, mais dont l’épée ou le sabre n’a même pas traversé le costume ! C’est très visible dans l’affrontement final ou lorsque les combats prennent des dimensions plus grandes et où tout est forcément un peu moins soigné. Par ailleurs il faut reconnaitre que le sérieux global du film contraste avec ces débordements granguignolesques qu’un Braindead n’aurait pas renié ! La musique enfin est moins entrainante et présente que ce à quoi je pensais. C’est un peu regrettable mais elle est malgré tout correcte.
En conclusion je dirai que ce Ninja Assassin reste un DTV à la portée très limitée. En fait, malgré un budget confortable, un casting solide, un réalisateur efficace, il donne l’impression d’être fainéant. Il exploite son potentiel à 30 pourcent, alors qu’il pouvait vraiment donner lieu à une renaissance du genre ninja. Si techniquement il est potable, menée par la chouette réalisation de McTeigue, l’histoire est l’une des plus bateaux que j’ai pu voir dans un film d’action (on n’est pas loin d’un très mauvais Seagal, c’est dire !), et l’aspect sanglant omniprésent est terriblement mal intégré (au sens propre comme au figuré d’ailleurs). En ajoutant à cela des personnages creux, des décors un peu faibles, une bande son moyenne, on comprendra que je ne puisse pas aller au dessus de la moyenne. Note qu’il mérite car il reste un divertissement honnête (merci McTeigue quand même qui sauve la mise).