Un film exceptionnel, qui m’a très, mais alors très agréablement surpris. Quant je lis certaines critiques presses je me dis, mais changez de métier messieurs, surtout en proposant des jeux de mots foireux sur le titre à l’image du Figaroscope. Là il y a de l’argumentaire, c’est clair ! Je commence par le casting, parce que j’ai l’habitude de commencer par là et car ce fut ma première grande surprise. Je voudrai faire ici l’éloge de Rachel Weisz, d’une perfection exeptionnelle. J’ai l’impression de voir le pendant masculin du Christoph Waltz d’Inglorious Basterds tant elle illumine et monopolise l’écran à chacune de ses apparitions. Les seconds rôles sont non moins convaincants, et quoique tous ne soient pas interprétés par des acteurs très connus, il n’y a pas de fausses notes. Il faut dire que l’écriture de chaque personnage est excellente, et, en dehors d’Hypathie, je donne une mention particulière à Davus et Oreste. Le scénario est très ambitieux, traite d’un sujet pour le moins brulant (au travers du prisme antique, ce qui est un très bon choix), et même si avec une matière aussi riche il est évident que le film se doit de faire des impasses et des sacrifices, ceux-ci sont parfaitement choisis et ne déchargent en rien Agora de sa force. A noter qu’il n’y a pas de manichéisme mal venu dans le film, un écueil qui aurait vraiment pu le couler. Au passage les dialogues sont riches mais pas bavards, et surtout pas ennuyeux du tout. Autre point fort, les images. Le film est de toute beauté, les décors atteignent une perfection formelle, et malgré les nombreux effets spéciaux numériques, le film ne perd absolument pas de sa poésie. Il y a des séquences tragiques, mélancoliques, épiques, lyriques, voir même comiques et toutes ces émotions ne sont pas du tout affadies par les images de synthèse. La photographie est sublime, offre des éclairages magiques, et la mise en scène d’Amenabar est comme d’habitude d’une précision d’horloger. Le tout baigné par une musique qui va droit au cœur, vous remue les tripes, bref vous pousse à aller la réécouter là où vous le pouvez.
Considéré comme un « péplum philosophique », certains pourraient avoir peur d’un film lourd, pontifiant, ennuyeux à mourir pour tous ceux qui n’ont pas l’agrégation ou un doctorat dans la discipline, et bien non. Le film passe très bien, bénéficie d’un rythme solide malgré une durée conséquente, et propose même de belles séquences d’action (l’attaque de la bibliothèque notamment).
Un film à voir absolument (au moins pour se faire son idée car dans son genre il est unique). Après son visionnage on ressort avec l’impression d’une part d’avoir passé un moment ultra divertissant et d’autre part d’être moins bête (au moins parce que l’on connait le personnage d’Hypathie, lequel n’est pas une invention). Je décerne avant de terminer cette chronique une médaille à la fin d’Agora, émotionnellement très forte et qui pour moi, de tout les films que j’ai pu voir et il y en a un sacré paquet, reste la plus belle fin du cinéma. Si je le pouvais, je la découperai et l’encadrerai au plafond de ma chambre pour la revivre chaque soir.