La nuit, une ville, on ne sait où, est assiégée par les milices armées, à feu et à sang. Le peuple fuit le choléra, invention du gouvernement pour dépeupler les 'pourritures' du pays. Ossorio arrive en gare, visite une boîte de nuit fréquentée par un tapin travesti, un homosexuel, une anorexique d'environ trente kilos, et Irène (Amira Casar), qui perd grâcieusement sa robe au fur et à mesure que le film avance, dévoilant avec tendresse son sein. Sauf que malheureusement, dans ce film fantastique et fantasmé, fait de bruits irréels et d'une imagerie poétique de pacotille, fascinant parce qu'audacieux mais ennuyeux parce qu'incontrôlé dans ses excès fantasques réduits aux artifices les plus grotesques, l'érotisme n'est pas un élixir de séduction, beau parce que profondément humain ; ici la femme n'est qu'une pute, une ordure repoussante. On la fouette, lui explose la tête, elle est filmée nue, en sang, démaquillée par la violence, jeune ou vieille, pute ou héritière, adulte ou enfant, jouet sexuel ou fantasme d'un corps pré-pubère. "Nuit de chien" s'égare alors dans des fossés glauques sans retour ; Schroeter y filme une enfant qui découvre le corps d'un garçon de son âge laissant présager ses futures fonctions de prostitué, sous une douche, toujours la nuit, pendant qu'Ossorio, sorte de héros sorti des entrailles de la nuit, fait le tour de la ville pour rétablir l'ordre. Ce n'est pas le Spirit, et pourtant, lui aussi agit la nuit, entouré de femmes. Il n'a pas la cravate rouge, mais il a son charme discret ; le film, lui, s'il a beau être remarquable dans son profond désir de jouer d'un cinéma unique et hypnotique, comme tout droit sorti du fond des âges, se fait l'empire de ce que tout le cinéma peut transpirer de mal-être et de dangereux. D'ailleurs son attitude originale et inédite ne lui suffira pas à conquir le public, désespérément perdu dans les méandres métaphysiques d'une oeuvre qui ne veut strictement rien dire. Un film contemporain et abusif, horriblement