Il y a une dizaine d'années, la réalisatrice danoise Lone Scherfig nous avait déjà offert un petit bijou : "Italian for beginners". Nous la retrouvons dans la mise en scène d'un film britannique, dont le scénario a été écrit par Nick Hornby ("High Fidelity") d'après un récit autobiographique de Lynn Barber. Et, pour tout dire, nous la retrouvons en pleine forme, car "Une éducation" est, de nouveau, un petit bijou. L'histoire ressemble à Pygmalion/my fair laidy pris à l'envers : début des années 60, à Londres, Jenny, une jeune fille brillante dans ses études, cultivée, à peine 17 ans, est petit à petit "dévergondée" par un adulte qui a au moins deux fois son âge. Sympa le gars, plutôt brillant dans son genre, cultivé également, mais pas le genre que les parents de Jenny, qu'il a pourtant mis dans sa poche, rêvent d'avoir un jour comme gendre. Oxford était le rêve de Jenny et elle en arrive à s'en détourner. Carey Mulligan est parfaite dans le rôle de Jenny, mais, quand même, je n'irais pas, comme certains, jusqu'à la comparer à Audrey Hepburn, pour toujours inégalable. L'américain Peter Sarsgaard (récemment vu dans "dans la brume électrique" de Tavernier) est très crédible en jeune british (bel effort pour l'accent !). La mise en scène est plutôt classique (trop, jugerons certains !) mais elle n'est pas exempte de trouvailles intéressantes. On est surpris qu'en 1961, à une époque où, à titre personnel, mes goûts me portaient vers Les Shadows et le rock américain et anglais en général, une jeune fille anglaise de mon âge ne jurait que par Juliette Gréco et Jacques Brel ! Pour rester dans la musique, on constatera que la 3ème symphonie d'Elgar que l'orchestre du collège de Jenny est censé avoir joué est une œuvre qu'Elgar n'a pu terminer avant sa mort et qu'elle n'a été terminée et jouée que dans les années 80 ! A part cela, ce film, dont les 15 premières minutes sont vraiment jouissives, est d'ores et déjà, pour moi, un des grands films de l'année.