Qu'on l'ait adoré ou détesté, "Ricky" à le mérite d'être intriguant, autant avant de voir le film, dont on ne sait rien, qu'après. Difficile de porter une réaction à chaud ; seule certitude, il fallait une audace terrible et admirable pour porter un tel film sur le devant du cinéma français. Il fallait la maîtrise de François Ozon ("8 Femmes" était aussi improbable qu'entièrement réussi) pour réaliser ce film, dont on ne révèlera pas le concept, ni l'histoire, si ce n'est que le bébé est surnaturel. Oui mais surnaturel comment? "Ricky" n'est en tout cas pas un film à suspens comme pourrait le laisser présager le teaser mystérieux. Il s'agit d'une comédie dramatique, fantastique et sociale sur un bébé extraordinaire. Surréalisme s'immiscant subtilement dans le réel, Ozon s'imprègne tout d'abord du travail ouvrier dans une première partie trop longue, racontant l'histoire d'amour qui justifiera la naissance du bébé. Et même si l'on attend fébrilement de voir quand le film va partir dans un délire sans retour, la caméra d'Ozon vise juste dans la mise en scène naturaliste de ce quotidien difficile, montrant dès le début l'irresponsabilité parentale et la construction d'un couple. En fait, le défaut du film, c'est qu'arrivé à sa deuxième partie - que l'on nommera celle du bébé - , on se rend rapidement compte que le début était facultatif, ainsi "Ricky" aurait certainement fait un meilleur court-métrage d'autant que ses rallonges ne font pas naître de réelle réflexion, si ce n'est vaguement l'enfermement éducatif, la prison que l'on forme aux enfants, dont la seule liberté est l'imaginaire (imaginaire concrétisé ici par le pouvoir du bébé). Enfin, lorsque Ricky se montre, à ce moment-là le film emprunte un chemin sans retour, pleinement assumé, plein d'audace rigolote et de démesure comique naissant simplement de la folle idée d'Ozon. Le surréalisme prend le pas dans le quotidien, et l'utilisation des effets spéciaux fait merveille, crédibilisant entièrement le personnag