Voilà un ovni français ! « Ricky », c’est l’histoire d’un couple qui met au monde un beau bébé tout rose et joufflu. Celui-ci n’est pas comme les autres. Rapidement, des ailes vont lui pousser dans le dos sous les yeux ébahis de la mère. Le film de François Ozon est un projet ambitieux qui apporte du nouveau dans le paysage cinématographique français. Rien que pour ça, il mérite bien deux étoiles d’office. Au visionnage, on se rend finalement compte que plus qu’un conte fantastique, le film se veut juste dans un contexte social afin d’étudier les hommes plus que le surnaturel. Une réalité française à la photographie morose (inexistante ?) qui apporte assez peu de rêveries à l’œuvre. Mis à part la scène des retrouvailles entre Katie et Ricky, les couleurs sont tristes et fades. Il n’y a pas beaucoup de joie dans ce film. Le choix de l’actrice principale peut ainsi surprendre. Habituée des comédies décervelées, Alexandra Lamy n’est pas que "chouchou", elle peut aussi tenir brillamment la tête d’affiche dans un registre dramatique. Omniprésente, l’actrice livre une belle interprétation toute en sensibilité. Plus qu’un film fantastique, « Ricky » ressemble plus à l’étude du cœur d’une femme ayant enfanté. Même si les réactions de son personnage suscitent parfois l’incompréhension, elles sont toutes guidées par l’amour envers ses enfants ou envers Paco, mais rarement les deux à la fois. L’attitude de la mère par rapport à sa fille aînée choque parfois, du fait de la virulence des propos. Il lui arrive en effet de renvoyer sèchement la petite dans sa chambre pour avoir un moment d’intimité avec son compagnon. Lorsqu’elle tient Ricky dans ses bras, c’est Paco qui devient la source de ses malheurs. La naissance du couple de parents est sans saveurs. Le contexte social réaliste dans lequel cet amour naît est louable. Sauf qu’il se trouve que Sergi López manque de présence à l’écran. Pas évident de comprendre ses charmes comme Kathy. Sa double vie, bien que seulement suggérée, saute aux yeux de tout le monde sauf à ceux de la jeune mère. Voir la femme tomber si bêtement dans le panneau sans aucune réserve est frustrant, d’autant plus que même sa fille se rend compte de la supercherie, sans jamais en informer sa mère. Certes l’amour rend aveugle, mais n’exagérons rien ! Concernant le déroulement de l’histoire, « Ricky » n’échappe malheureusement pas à un déroulement classique. Après une introduction bien trop longue, l’intrigue se dévoile en même temps que les ailes de Ricky, bien moches durant ses premières semaines par ailleurs. La médiatisation du bébé-oiseau casse le charme et tombe dans les travers de la curiosité journalistique, de l’appât du gain de l’homme cupide. La fin du film de François Ozon est probablement l’une des pires conclusions (si elle peut être qualifiée de la sorte) que j’ai vues. Une belle fin toute gentillette et optimiste, qui ne résout rien. Elle aurait pu convenir sans être transcendante si jamais les premières minutes du film n’avaient pas été cette scène avec une Alexandra Lamy racontant ses malheurs à un agent de la fonction publique. A quoi bon annoncer un malheur à venir si à la fin du film ces évènements ne sont même pas suggérés ? Il n’y a pas de lien entre l’introduction et la conclusion du film. Tout ça pour placer un "Quelques mois plus tôt" pour faire croire à du suspense. J’ai comme l’impression de m’être fait avoir !