La première scène du film, court flash-forward, éclaire singulièrement la séquence de fin. Mis à part cette particularité, Ricky nous propose un récit linéaire pontué d'élipses. Capable du bon (Les amants criminels, Sous le sable, Le temps qui reste) comme du moins bon (Huit femmes, Swimming pool) Ozon nous propose un récit singulier, non seulement en incluant un facteur fantastique dans son histoire, mais surtout en choisissant un traitement réaliste de cette confrontation. Ainsi suit-on Katie dans son quotidien, entre l'usine, sa fille et son HLM, mère lambda dont le portrait juste et sensible ne verse jamais dans le misérabilisme. En tenant jusqu'au bout ce parti pris, et ce même lorsque le quotidien déraille (Katie s'adapte finalement à ce qui lui arrive) Ozon assume pleinement la singularité de son film. Ainsi Ricky devient-il une sorte de conte social sur la maternité, la différence, l'amour, sans que toutes les clés de compréhension nous soient données. Cette relative opacité du sens à donner à l'histoire, ne nous empêche cependant pas de la suivre avec plaisir tant l'empathie avec les personnages principaux, et principalement Katie, fonctionne. Il faut évidemment souligner le choix judicieux d'Alexandra Lamy pour interpréter cette femme ordinaire confrontée à l'extraordinaire. Juste de bout en bout, à la fois terrienne et lumineuse, profondément touchante dans sa capacité de mère à protéger puis accepter que son enfant ne lui appartienne pas, c'est elle qui porte le film. A ses côtés, Sergi Lopez est parfait comme à son habitude, et la très jeune Mélusine Mayance très juste dans un rôle plus difficile qu'il y paraît. Ricky est un film devant lequel il faut se laisser porter sans forcément chercher à trouver un sens précis à l'histoire qu'on nous raconte. En se permettant un traitement inhabituel dans son cinéma, et dans le cinéma français tout court, en juxtaposant cadre réaliste et intervention fantastique, Ozon réussit à maintenir le cap.