De toute la filmographie du réalisateur Simon West, il n’y a franchement qu’un seul film à retenir. Son premier : Les Ailes de l’Enfer (avec Nicolas Cage et John Malkovich). Après, à aucun moment le cinéaste ne retrouvera le panache ni le succès de ce film d’action. Surtout pas avec un thriller militaire tel que Le Déshonneur d’Elisabeth Campbell. Ni avec la 1ère adaptation de Tomb Raider (on se souvient juste de la plastique d’Angelina Jolie). Et sans doute pas un film avec pour titre Terreur sur la ligne ! Il faudra juste attendre un certain Expendables 2 pour que West renoue avec le succès (et encore, cette suite est plus apparentée à Stallone qu’au réalisateur). Mais avant cela, West s’était occupé d’un remake. Celui du Flingueur, datant de 1972. Pour cette version 2011, Jason Statham remplace Charles Bronson. Résultat ? N’ayant pas vu le remake, je vais juste vous contenter de ce film.
Mais que ce soit avec Bronson ou bien Statham, dans un film intitulé Le Flingueur, faut pas chercher bien loin pour trouver le postulat du long-métrage ! Prenez une star, mettez-lui une arme dans la main, laissez-le tirer sur tout ce qui bouge et vous obtenez le film ! Bon, j’exagère un peu, je l’avoue. Mais en y repensant, Le Flingueur est comme toutes les séries B d’action : sans scénario plausible ! Et avec Statham dans le rôle principal, on se doute bien que ce dernier possède un statut d’espion, de flic, de mercenaire ou bien d’ancien militaire. J’en ai oublié un ? Ah oui, il manque tueur à gages ! C’est d’ailleurs ce job auquel s’adonne Statham dans ce film. Un nettoyeur qui, un jour, est contraint d’exécuter son ami et mentor. Une action qui prodiguera bien des ennuis avec ses employeurs (une histoire de trahison, comme d’habitude). Et qui le rapprochera (en bien ? en mal ?) du fils de sa victime, qui voudrait suivre les pas de son père question assassinat sur contrat.
En y réfléchissant bien, Le Flingueur pourrait se montrer comme une nouvelle adaptation de Hitman (avec un acteur chauve, qui plus est !), qui jouerait pour ce film les baby-sitters et profs au maniement des armes. Et avec un fils ivre de vengeance (de découvrir l’assassin de son père alors qu’il le côtoie tous les jours sans le savoir), le mentor en question va avoir bien du souci à se faire ! Comme si Hitman allait flirter avec les sentiments. Ou plutôt comme si Hitman abandonnait l’action au profit des sentiments. Nuance ! Or, pour un divertissement qui aurait bien pu être une production Besson, c’est fort peu encourageant ! C’est d’ailleurs pour cela que Le Flingueur ne fonctionne : le film est bien trop mou pour être intéressant à suivre.
Des séquences d’action, vous ne pouvez compter que sur le final. Une sorte d’attaque de convoi qui ne dure à peine 5 petites minutes. Et ce en plus des quelques fusillades et explosions qui, du coup, ne représentent que des détails du décor. Le Flingueur ne s’intéressant qu’à son duo. Pour certains films, c’est une excellente chose (L’Arme Fatale). Encore faut-il que la sauce prenne entre les deux comédiens. Avec un Jason Statham qui nous sort le même jeu qu’à son habitude (impassible, même face au danger) et un Ben Foster qui veut jouer les durs, l’étincelles n’apparaît pas vraiment. Les deux acteurs ne sont pas mauvais, attention ! On a vu bien pire dans d’autres navets du genre (à commencer par les Steven Seagal). Juste que le duo aurait pu avoir d’autres interprètes que ces deux-là, qui ne semblent pas s’entendre.
Et surtout, pour se permettre d’être faible niveau action, il fallait se montrer efficace avec les sentiments. Ce que Le Flingueur ne réussit pas à faire, étant trop basique. Pour cause, le coup de l’expert qui prend sous son aile un jeunot pour l’initier à son art, c’est du déjà-vu dans le cinéma d’action. Même dans d’autres genres ! De ce fait, on n’est pas surpris par les répliques, par les relations un peu tendues entre les deux hommes. Surtout avec cette intro où la voix-off du personnage principale nous raconte sa vie de tueur à gages. Nous servant sur un plateau mille situations déjà traitées (ne jamais révéler sa présence ou toutes les mêmes bêtises de ce style !). Une histoire d’amour, pour parachever ce classicisme ? Étonnamment, non. Mais franchement, ça aurait été mieux de cette image que fait le film de la femme : aucune actrice principale, des secondaires qui ne sont présentes que pour servir de chair à coucherie auprès des têtes d’affiches. Si ce n’est pas macho, ça !
Même Simon West semble avoir manqué d’efficacité pour intéresser le spectateur. Car si la mollesse du film n’est pas entièrement due à la paresse du scénario, elle le doit aussi à celle de la mise en scène. Avec des filtres clairvoyants (tout est jaune et orangé, comme si le soleil n’était que le seul jeu de lumière) à la manière de Michael Bay, donnant par moments des airs de clips (surtout avec ces morceaux de musique moderne) sans le montage hystérique qui va avec, les scènes se révèlent tape-à-l’œil, sans jamais décoller. Une mise en scène bien trop plan-plan, une caméra qui reste fixe… Pas de quoi stimuler l’adrénaline ! Qui ne se réveille que bien trop tard (lors de l’attaque du convoi, véritable séquence d’action du film).
Le Flingueur se laisse suivre, ce n’est pas ça le problème. Il vaut largement mieux que d’autres films. Non, l’ennui, c’est qu’avec un tel titre et Statham en tête d’affiche, on s’attendait forcément à une énième variation du Transporteur qui aurait au mieux amusé le temps d’une soirée. Et que du coup, avec ce résultat-là (mou du genou pour rien), on ne peut que passer son chemin. Autant se remettre Les Ailes de l’Enfer et savourer pleinement un véritable film d’action !