"Big eyes " le nouveau de ....de qui d'ailleurs?...je cherche ... ah oui, Tim Burton ...TIM BURTON !!! Non c'est impossible ! Impossible de pondre un tel téléfilm qui, si je n'avais pas été au cinéma, aurait été la victime impitoyable de la touche off de la télécommande.
Pour faire court, c'est un biopic autour du couple Keane dont le mari s'arroge la paternité des toiles peintes par sa femme. Comme ces enfants tristes aux yeux immenses et charbonneux rencontrent un succès phénoménal, bien entendu, la femme va finir par se réveiller et vouloir être reconnue.
On voit bien ce qui a pu intéresser Tim Burton là-dedans. Comme il avait défendu voici quelques années Ed Wood et ses nanars, les oeuvres kitchissimes de cette américaine encore vivante sont dans la droite ligne de cette obsession à défendre ces marginaux qui sont en butte contre les valeurs bourgeoises dominantes. Seulement le film manque sérieusement de peps , de mordant et d'inventivité. Le scénario, prévisible, se traîne, enfilant les scènes convenues comme l'artiste enchaînait les tableaux. Sans aucune surprise, on voit à l'écran s'agitait un Christoph Waltz insupportable de cabotinage et une Amy Adams choucroutée comme dans "Mad men", mais elle, dirigée comme dans une tragédie. Du coup, on a l'impression qu'ils ne jouent pas dans le même film. Une apparition de Terence Stamp, toujours aussi magnétique, réveille un peu le spectateur mais c'est de très courte durée. Alors, on s'ennuie ferme. On est tenté de regarder si on n'a pas des messages sur son téléphone, on risque un coup d'oeil à sa voisine pour voir si elle n'est pas endormie (oui, printemps du cinéma oblige, la salle était pleine) . On se dit qu'on a loupé quelque chose. Je me suis creusé l'esprit me demandant s'il pouvait y avoir un signifiant pour toutes ces scènes d'intérieur aux reflets aquatiques mais je n'en ai point trouvé. On en arrive même au point de se dire qu'il y a de jolies couleurs comme un spectateur des années 30 après des décennies de noir et blanc.
C'est donc joli. Il y a un plan au début qui évoque "Edward aux mains d'argent" avec sa banlieue bien rangée et la voiture qui file vers les collines, mais ici, aucun château enfermant un être extraordinaire, juste un couple d'américain ayant inventé une factory du pauvre. On pourrait y voir une critique de l'idée du beau dans l'art, mais Tim Burton l'évacue en deux scènes tristounettes. Des féministes y trouveront peut être un portrait de la femme américaine des années 50 essayant de se libérer du joug d'un mâle dominant, mais elles n'ont pas du voir "Mad men"... Alors que reste-t-il ? Rien ou pas grand chose.
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