Il est impressionnant de voir comment l'on peut partir n'importe comment en suivant une oeuvre à la base fort sympathique; tout comme ses illustres prédécesseurs (Donnie Darko 2, Scanners 2,...), cette première suite au Mimic de Guillermo Del Toro transforme l'histoire originale, certes pas des plus novatrices, en une banale série z sans autre intérêt que de voir à quel point ses acteurs jouent mal.
Il est dur d'y trouver des raisons de l'aimer : visuellement repoussant, il n'est pas sans rappeler la qualité d'un certain The Crow : Wicked Prayer, tant il réussit l'exploit d'être à la fois laid et peu inspiré. Ne reprenant que des filtres d'image pour rendre sa photographie un peu moins terne, il suremploi aussi les projecteurs de lumières oranges, croyant que balancer des ambiances tamisées lui permettra de poser le stress qu'il essaie, tant bien que mal, de faire ressentir à son spectateur.
Il galère à imposer un style, à revendiquer sa patte : c'est que cette première suite, manquant de budget, nous présente des monstres encore moins crédibles que ceux de l'oeuvre originelle, déjà bien amochés par le peu d'argent qu'il possédait pour ses effets spéciaux. Au moins aura-t-il le courage, peut-être un peu trop fou, de les montrer en pleine lumière, face caméra, en gros plan; c'est qu'il assumerait presque son manque de moyens pour les maquillages, ou qu'il révèle, plutôt, que son metteur en scène, l'inconnu Jean de Segonzac, n'a tellement pas de vision décente de son art qu'il se moque royalement de mettre en avant ses défauts.
Et des défauts, outre son aspect plastique intégralement foiré, il en possède : son écriture, faîte d'un scénario idiot et de personnages caractérisés par le cliché qu'ils représentent, nous amène des scènes peu trépidantes, à la conclusion rapidement prévisible et dynamisées par la stupidité du comportement de ses protagonistes. Les dialogues constituent le clou du spectacle, tant ils démontrent un sens aigu de la prose, matérialisé par des punchlines dignes d'un Audiard.
Entre réflexions philosophiques, anthropologiques et sociologiques sur la place de l'homme dans la nature, face à l'évolution naturelle et à son côté pervers, Mimic 2 se la joue aussi branlette intellectuelle sur les différentes races de cafards, que l'héroïne, scientifique de génie, nous présente comme les véritables héros de l'histoire, victimes de la cruauté des humains; elle mène un charabia incompréhensible quand il n'est pas stupide sur des thèmes que les scénaristes ne maîtrisent visiblement jamais, en plus de présenter cette méchante manie qu'ont les dtv sans le sou à se présenter sous leur forme la plus beauf.
Entre clichés sexistes, sous entendus sexuels lourds et personnages gras obsédés par l'héroïne, tout le monde, même son élève, veut se taper cette pauvre professeure qui préfèrerait, visiblement, se faire un cafard humain que son élève de 16 ans, et qui ne cesse de lui faire ses avances. Le film aurait, à ce sujet, pu se poser des questions sur la nature d'un homme cafard : elle qui vénère ces insectes, les trouverait-elle mauvais, dignes de la bassesse (suivant ses dires) de la nature humaine si les deux étaient, finalement, réunis en un corps? De plus, le fait d'être un cafard ne supprimerait-il pas ce qu'elle déteste chez l'humanité, puisque l'homme s'efface derrière son côté animal?
Il paraît inutile de préciser que le principe même du film n'a aucun sens, puisque le film d'origine se concluait sur une véritable fin, et avait mis un terme à l'invasion venue des sous-sols. Un métro qu'on tente de faire revenir comme personnage, et qui ne trouve jamais le quart du relief que pouvait avoir le décors underground chez Del Toro. Pareil pour sa bande-son, discrète et peu marquante, mal mixée, épousant des bruitages très peu convaincants.
Mimic 2 est donc très mauvais, et il paraît dur de trouver quelque chose à y sauver. Car s'il tente de faire réfléchir et de réfléchir sur ses thématiques, c'est qu'il rate constamment ce qu'il veut entreprendre et s'enferme dans une vision fermée des choses, péremptoire et superficielle. Il n'apporte rien de spécial, si ce n'est du temps perdu. Paradoxal, n'est-ce pas? Le film l'est beaucoup moins. Il est unanimement mauvais.