Je ne vais pas être très original : les Inconnus, j'aime beaucoup. Au cinéma, le bilan est toutefois nettement plus mitigé, où « Les Trois Frères » apparaît aux yeux de tous comme leur « sommet ». Vu il y a ans, je ne m'en souvenais (presque) pas et il a donc été intéressant de voir si la comédie culte a su faire face aux années la séparant de sa date de sortie. Résultat : elle apparaît comme un pur produit des 90's, et c'est aussi ça qui fait son charme. Bien sûr, ce n'est pas toujours très subtil (voire franchement lourdaud par moments) ni bien construit, donnant parfois l'impression d'une succession de sketchs tenue par une intrigue légèrement faiblarde, se tenant toutefois à peu près dans sa logique potache exubérante. Quitte à se répéter un peu, on sent que le trio a la formule pour faire rire les gens, que ce soit certaines situations (même si elles restent vraiment inégales) et surtout l'écriture, enchaînant les répliques vachardes et piquantes (dont une flopée sont presque rentrées dans le langage courant), n'épargnant pas grand-monde et surtout pas les trois héros, notamment Didier Bourdon et Pascal Légitimus, rivalisant longtemps en mesquinerie et en coups bas. Il y a surtout cet
enfant « débarquant » à l'improviste
, provoquant un déluge de scènes souvent assez savoureuses, empêchant, certes, nos humoristes d'aller jusqu'au bout de leur mauvais esprit, atteignant rarement la jubilation ressentie devant certains de leurs vidéos. Mais on rit quand même de bon cœur, savourant ce politiquement incorrect parfois appuyé voire gratuit, ne manquant toutefois pas d'être le reflet de son époque, notamment sur la grande précarité ou ce qu'implique d'être père, donnant un peu de chair à ce récit quelque peu bringuebalant. Bref, même avec quelques rides, même si le regard des nouvelles générations sera sans doute moins enthousiaste que ses prédécesseures (quoique), il est bon en ces temps de bien-pensance et de politiquement correct obsessionnels de revoir les Inconnus mettre un bon coup de pied dans la fourmilière : rien que pour ça, le redécouvrir en 2020 a forcément quelques vertus.