Je me rappelle de « Severance », cette sympathique comédie d’épouvante-gore signé Neil Burger, ici aux commandes de Black Death. Changement de registre et place au monde crasseux du Moyen-Age. L’histoire nous plonge dans une Angleterre ravagée par la peste, autours de la quête identitaire que va entreprendre un jeune curé, Osmund ; accompagné de redoutables chevaliers, il va partir sur les traces d’une sordide histoire de nécromancie, au cœur d’un village immaculé, épargné du terrible fléau de « la mort noire » … jusqu’ici. Les premiers balbutiements de cette série B au budget maigrichon sont plutôt intéressants : La caméra nous fait une présentation des lieux : ville pouilleuse, rongée par l’épidémie de peste, puant la mort et la souffrance, le désespoir et l’abondant face à Dieu. Les personnages principaux sont rapidement esquissés et les premières péripéties ne tardent guère à venir : le départ de l’amour d’Osmund (caché forcément), partagé entre son devoir sacré et son cœur. . . Puis volontairement embarqué dans cette espèce de mission rédemptrice suicide. Le Scénario emprunte de faux airs de films d’horreur, complétement prévisibles et ratés, et se retrouve très vite imbibé de défaillances et approximations : A commencer par un personnage principal au charme inexistant et au physique, je trouve, repoussant (quelles affreuses lèvres !). Le jeune acteur se prénomme Eddie Redmayne, et malgré les piètres efforts qu’il tente de fournir, c’est un véritable naufrage. Ce très gros point noir assure au film un naufrage qu’il va par la suite confirmer : personnages secondaires caricaturaux et à la personnalité souvent inexistence, à peine effleurée pour le plus intéressant, Ulric (Sean Bean), quoique très peu loquace. Le manque flagrant de moyen se fait constamment ressentir et l’équipe du film est obligée de très fortement diluer ses maigrichonnes scènes d’actions (il n’y en a que deux à vrai dire) par le biais de passages pseudo-psychologiques sans aucun sens ni profondeur (le coup de la femme immolée, les discussions près du feu de camp, les « douloureuses » pertes de compagnons). Mais c’est véritablement lorsque le groupe de guerriers aguerris (et affaiblis) pénètre dans le village « miraculé » (dominé et contrôlé par une puissante et vile nécromancienne bien entendu), que les choses se gâtent réellement. Entre les pitoyables scènes de résurrection des corps, les réactions grotesques et arriérées des protagonistes et les sacrifices finaux, on nage vraiment dans le n’importe quoi ! Les incohérences et erreurs scénaristiques s’enchaînent, les clichés se multiplient et la médiocrité culmine lors du final, tentant vainement d’être prenant, épique … Peut-être vous laisserez vous amadouer par le seul bon argument du film : Boromi… euh pardon, Sean Bean, encore une fois remarquable ! Bon allez, quelques beaux paysages et un place douillette et réaliste de l’affreuse « Pest noire » dans le scénario. « Black Death » est un film qui souffre par son manque d’ambition et de moyens. Très bof … largement de quoi pester !