Bunraku est un film singulier, et cela fait plaisir de voir ce genre de production, et des acteurs de qualité accepter de prendre des risques. C’est une vraie bonne surprise. D’abord le casting éveille l’intérêt. Josh Hartnett, Woody Harrelson, Ron Perlman, ne sont pas des inconnus, et même si certains ont joué dans des nanars ils sont plutôt bons. A l’écran ils assurent. La complicité entre Hartnett et Gackt saute aux yeux, Woody Harrelson se fait plaisir dans un rôle zen à contre emploi de ses rôles les plus fameux. Perlman est moins transcendant que d’habitude mais son physique se suffirait presque à lui-même. Une déception sur le cas Demi Moore, sous-exploitée dans un rôle presque inutile. Une mention spéciale pour Kevin Mac Kidd excellent en tueur fou. Le scénario assez basique parvient en fait à déployer une réelle originalité, et à se jouer des lieux communs. Mais là où le film donne tout ce qu’il a c’est dans son univers visuel. Coloré à outrance, totalement surréaliste, mis en valeur par une photographie impeccable et une mise en scène dynamique, doté d’excellents décors aux formes géométriques, Bunraku a vraiment du style, et s’il piquera les yeux de certains, j’ai trouvé pour ma part Guy Moshe courageux et méritant, car cette esthétique tire littéralement son film de la simple série B d’action. Il y a une réelle recherche visuelle, et qu’elle plaise ou non, un peu comme dans 300 il faut en prendre acte. Les effets spéciaux sont volontiers kitsch mais pas mauvais, et les scènes d’actions, quoique pas toujours très lisibles sont de qualité. Il y a évidemment quelques défauts. Outre le regret sur le rôle de Demi Moore, le film présente quelques lenteurs. L’ambiance musicale n’est pas non plus assez travaillée, et Perlman nous fait le coup du tueur qui discute avec sa victime plutôt que de l’achever, ce qui évidemment se retourne contre lui dans un rebondissement ultime. Comme cela il y a quelques naïvetés dans Bunraku, mais franchement il serait mal venu de bouder son plaisir de découvrir un film qui a du culot, et apparait un peu comme un mélange de Fait leur vivre l’enfer Malone et Sin City.