Malgré la noirceur de son film, le cinéaste ne se reconnaît pas dans un cinéma social et dénonciateur: "Au-delà des conflits et des événements douloureux que je relate, il y a dans mes films une note foncièrement optimiste, la conviction que la vie a du sens et vaut d'être vécue", insiste-t-il. En mettant l'accent sur la quête spirituelle que mènent ses personnages, Götz Spielmann se refuse à faire un film manipulant les spectateurs par les larmes car selon lui, "il n'y a pas d'incompatibilité entre émotions d'une part et réflexions lucides et précision formelle de l'autre." Désireux de ne pas proposer un film de vengeance banal, le réalisateur ne l'a pas fait reposer sur le suspense, tenant à se démarquer du genre et plus essentiellement à confronter des personnages ordinaires à des situations tragiques.
L'aspect formel est essentiel pour le metteur en scène selon qui l'identité d'un film y réside. Travaillant en étroite, précise et intuitive participation avec son chef-opérateur, Martin Gschlacht, le cinéaste n'évoque jamais les questions techniques ou les scènes elles-mêmes avant le tournage. Les deux collaborateurs se concentrent plutôt "sur l'histoire, sur son sens caché, sur [leur] conception formelle du film, sur le rythme et sur le style visuel". Se refusant à manipuler le spectateur par des effets, le style formel vise la simplicité et la clarté, seules garanties d'un impact pur sur le spectateur.
La nature joue un rôle essentiel dans Revanche. Soulignant le dysfonctionnement de la culture, elle dénonce en prenant appui sur le contraste : "Pour moi, la nature évoque le silence qui est au coeur des conflits. Elle n'est pas un refuge idyllique où l'on se précipite pour y trouver du réconfort, mais elle est une force et une source d'énergie, douée d'une intelligence hallucinante", affirme le cinéaste.
Pour les rôles de son film, Götz Spielmann n'a pas cherché à faire un casting de célébrité mais juste à obtenir les acteurs les plus appropriés. "Dans le cas de Johannes Krisch, je sentais depuis longtemps que c'était un acteur avec un immense potentiel. Ici, c'est son premier grand rôle au cinéma. Une vraie révélation pour le cinéma autrichien. [...] Pour le rôle de Tamara, nous cherchions une jeune russe, nous avons fait des casting à Moscou, Kiev, et finalement Bucarest. Puis nous avons trouvé Irina Potapenko à Berlin", raconte-t-il. Au moment de l'écriture du scénario, le réalisateur pensait déjà à Ursula Strauss, "l'une des plus intéressante actrice de sa génération", selon lui. Quant à Andreas Lust et Hannes Thanheiser, il les avait déjà rencontrés sur son précédent film Antares.
Si chaque réalisateur a sa technique pour diriger les acteurs et pour leur inspirer des émotions, ce n'est pas le cas du cinéaste autrichien: "Je crois que le jeu est meilleur lorsqu'il combine vitalité et précision. J'essaye d'aider les acteurs avec ça, je les guide dans cette direction. Tous les acteurs sont différents, chacun à sa propre approche. C'est pourquoi je n'ai pas une méthode, mais plusieurs", confie-t-il.
Irina Potapenko, qui joue une prostituée dans le film, a passé quelques jours "incognito" dans un bordel avec une professionnelle et a observé les clients tout en essayant de se familiariser avec le travail. De même Andreas Lust, qui interprète un policier, est resté une semaine dans un commissariat, s'est entraîné au tir et a effectué des contrôles d'alcoolémies, apprenant ainsi comment se déroule la vie des officiers de police. Enfin Johannes Krisch a conduit plusieurs nuits autour de la ville avec un chauffeur travaillant pour un bordel.
Après plusieurs prix internationaux obtenus pour ses films d'étudiant, Götz Spielmann a reçu le Prix du Cinéma décerné par le gouvernement Autrichien en 2006. Possédant sa propre société de production, le cinéaste a représenté l'Autriche aux Oscars avec Antares en 2004. Revanche a remporté le CICAE et le Label Europa Cinemas lors du festival de Berlin, décerné au meilleur film européen de la section Panorama par un jury de quatre exploitants membres du réseau. Le film est enfin en compétition pour l'Oscar 2009 du meilleur film en langue étrangère.