Au premier aspect, ces « Griffes de la nuit » new-look ressemble à beaucoup (trop) de slashers actuels. Au milieu de l'intrigue, la gentille classe moyenne américaine et ses gentils pavillons construits dans de gentils quartiers, où tout le monde est beau, sans exception. Gueules de beau-gosse pour les mecs, de mannequins sur papier glacé pour les filles, on a l'impression d'être dans une série TV de fin d'après-midi pour collégiens. Même les mamans de nos jeunes héros sont de véritables « Desperates housewives » sexys (et botoxées) en diable. A croire que dans ce petit Monde, le petit gros et la grande moche n'existent pas. Ou alors ils ont étaient coupés au montage. Mais ça, ce n'est pas nouveau malheureusement. C'est même un code du genre depuis quelques décennies. L'intrigue, elle, se met très vite en place, sans traîner en longueur, ce qui est un très bon point pour le rythme général. L'idée de centrer l'action tour à tour sur chacun des personnages en proie au terrible Freddy peut offrir quelques bons retournements de situations, voir de petites surprises. La mise en scène de Samuel Blayer ne cède pas au « m'as-tu vu ? » stylisé à outrance et épileptique. Sobre et appliqué, ce réalisateur qui vient du monde du petit écran maîtrise tout à fait son sujet. Certes, certains pourront trouver les effets sonores et visuels un peu trop mécaniques, mais ils sont loin de mettre du plomb dans l'aile à l'ensemble. Le gros problème est que tous les effets et rebondissements censés faire naître la peur ou l'angoisse chez le spectateur ont déjà étaient vus et fait un million de fois au moins, la trame restant des plus classiques. Sur quelques aspects néanmoins, le pari est réussi, et la nouvelle génération pourra découvrir deux ou trois scènes vraiment incontournables dans l'Histoire du cinéma à frissons (comme celle de la jeune fille dans le body-bag, ou encore celle de la baignoire).
Mais comme je le disais plus haut, faire un remake est un exercice qui peut s'avérer être très périlleux. Surtout quand on s'attaque à un film d'horreur devenu culte. Car au fond, même si elles ce regarde sans mal, ces nouvelles « Griffes de la nuit » n'apportent rien de bien nouveau, et se montrent même trop peu originales. Premièrement, l'acteur Robert Englund, qui a toujours incarné jusqu'ici le tueur au pull rayé et au chapeau, est remplacé par Jackie Earle Haley. Essayant d'apporter une dimension beaucoup plus sombre au personnage, il en oublie totalement le féroce humour noir qui a fait la renommée de Freddy. Haley compose un croque-mitaine certes effrayant, mais manquant cruellement du charisme quelque peu malsain mais jubilatoire dont jouissait Krueger à l'époque sous les traits d'Englund. Les jeunes acteurs qui complètent le casting jouent bien le jeu, sans pour autant se montrés transcendants.
Malgré un impact vraiment moindre que la version de 1984, quelques clichés et des dialogues un peu pauvres, ainsi qu'un scénario qui se veut trop explicatif (mais c'est souvent comme ça dans les remakes, on aime à raconter en détail ce qui était seulement suggéré dans les originaux), le retour sur les écrans d'un des tueurs les plus célèbres inventé par le septième art, fait passer 1h30 qui sera purement distrayante et jamais ennuyeuse pour les amateurs du genre, car assez efficace quand il le faut malgré tout. Mais, à titre personnel, les deux premiers remakes qui avaient été inspirés de films de Craven (« La colline a des yeux » et « La dernière maison sur la gauche ») étaient nettement plus réussis.
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