Je n'ai pas lu les bandes dessinées de Tardi, donc je ne pourrai pas juger de l'adaptation et je blâmerai seulement le réalisateur et le scénariste pour tous les problèmes de ce long-métrage. Coïncidence, il s'agit de la même personne, à savoir Luc Besson. Et même si je n'ai vu aucun de ses films récents, je sais que depuis quelques années Luc Besson c'est plus trop ça. Donc allons-y gaiement. Le truc choquant avec le personnage principal, c'est qu'après 1H45 de film je suis toujours incapable d'en faire une description simple. A priori elle est censée être une sorte de Lara Croft du début du XXème siècle, déterminée, ingénieuse et usant d'un sarcasme acéré, vu que c'est comme cela qu'elle est représentée pendant l'ouverture. Alors pourquoi se fait-elle avoir si stupidement par la suite ? Pourquoi s'offusque-t-elle si violemment lors d'une remarque déplacée et fait elle une scène digne de la dernière des hystériques ? Pourquoi faire des scènes dégoulinantes d'émotion dès qu'on parle de sa sœur ? Et surtout pourquoi donner à l'héroïne ce ton plaintif et capricieux que Louise Bourgouin essaye malgré tout de rendre crédible ? Eh bien en fait c'est très simple, c'est parce qu'elle est complètement idiote (Adèle, pas Louise). Et c'est valable pour tous les autres. Adèle Blanc-Sec fait partie de ces films où il n'y aurait pas d'histoire si les personnages n'avaient pas chacun un lourd handicap mental. Encore une fois cela vient peut-être de la BD, mais réellement ? Qui s'est dit que c'était une bonne idée à la relecture ? Le plus agaçant est de se dire toute les cinq minutes "Et pourquoi la police fait ça et pas ça ?" (spoilers : parce que sinon le film durerait 20 minutes). Je veux bien avoir un policier stupide, à la manière des Dupondt, mais quand l'intégralité des personnages sont des incompétents notoires l'effet comique ne fonctionne pas du tout. Et puis ça crée des incohérences à foison
, du genre le ptérodactyle qui attaque le président lorsque Adèle lui demande la grâce d'Espérandieu alors que le dinosaure est censé être contrôlé par ce dernier.
On peut noter également des personnages dont on cherche encore la fonction, celui de Jean-Paul Rouve qui n’accomplit rien du tout et Dieuleveult, qui semble être là uniquement pour le clin d’œil. Bref, tous les protagonistes sont ratés, mention spéciale aux guides égyptiens incarnés par des acteurs blancs grimés en magrébins. Le tout n'est pas mal filmé, mais cela reste extrêmement académique et sans relief. Visuellement c'est mi-figue mi-raisin, une certaine ambiance se dégage de ce Paris de 1912. Les costumes sont très beaux et quelques éléments discrets permettent de développer un peu le mode de pensée de l'époque. Et en même temps, les décors ne vont pas du tout. J'ai mis 10 bonnes minutes pour trouver ce qui me dérangeait : ils sont trop propres, trop lisses. Les bâtiments de Paris sont immaculés et la tombe du début, supposément remplie de richesses, paraît vide et artificielle.
Pas aussi artificiel cependant que les effets spéciaux, allez voir la scène où Adèle chevauche le ptérodactyle en ayant en tête que Jurassic Park avait 17 ans à la sortie du film, elle ne vous laissera pas indifférent.
C'est fatiguant cette mode de massacrer au cinéma toutes les bonnes œuvres françaises. Adèle Blanc-Sec avait le potentiel d'être un bon blockbuster français, mais il n'en est rien. Passez votre chemin.