Fleur secrète : les secrets du tournage

Réalisé en 1974 par Masaru Konuma, ancien assistant réalisateur de Seijun Suzuki et reconverti dans le film érotique, Fleur secrète est diffusé pour la première fois en France. Il est également produit par la prestigieuse Major Nikkatsu, qui produisit toute une pépinière de grands cinéastes japonais : Shohei Imamura, Akira Kurosawa, Seijun Suzuki, ou encore Masahiro Makino. Il faut savoir qu'à partir des années 1950, la firme se spécialisa dans les films de genre grand public : chambara eiga (film de cape et d'épée), le yakuza eiga (films de yakuza) et surtout le pinku eiga, cinéma érotique, un genre que la Nikkatsu renomma en roman porno à partir des années 1970.

Fleur secrète est une adaptation du roman de l'écrivain japonais Oniroku Dan, auteur fertile de littérature érotique à dominante sadomasochiste. "Mes éditeurs ont souvent confondu S.-M. et cruauté alors que le S.-M. est une fantaisie masculine qui dérive de l'amour" explique-t-il. Masaru Konuma signe la première adaptation du roman en 1974. Une autre adaptation sera réalisée en 2004, signée par Takashi Ishii.

Les films de bondage SM japonais, auquel appartient Fleur secrète, sont très codifiés. Les personnages de ces films pratiquent et maîtrisent ce que l'on nomme le shibari, signifiant littéralement "attaché" ou "lié". A la base, il est utilisé au japon pour décrire l'art de ficeler...les colis. Cependant, le terme le plus approprié pour définir le genre du film bondage au Japon est Kinbaku.

Naomi Tani, égérie du cinéma Pink japonais (érotique), était au départ assez réticente à tourner sous la houlette de Masaru Konuma. Le cinéaste explique : "Tani n'a pas donné suite à nos propositions pendant quasiment deux ans par amitié et fidélité envers les gens du cinéma pink. Néanmoins, petit à petit, elle a commencé à s'intéresser à nous. Parce que nos décors et notre lumière étaient de bonne qualité. Au final, elle a accepté de jouer pour la Nikkatsu à condition que son premier projet soit Fleur secrète d'après Oniroku Dan. [...] Naomi Tani tenait particulièrement à Fleur secrète. Avant le tournage, elle n'arrêtait pas de critiquer le scénario en nous demandant de modifier certains détails, mais une fois le tournage commencé, elle a respecté entièrement le rôle du réalisateur".