Les espoirs sont grands quand on annonce des retrouvailles cinématographiques. Frears-Hampton-Pfeiffer, voilà un trio qui a de quoi faire rêver, des années après les sublimes Liaisons dangereuses. Et pourtant, Chéri commence mal. Voix off narrative, structure maladroite : on veut nous faire entrer dans le vif du sujet mais on reste en dehors. Les premières scènes nous montrent l'amour naissant entre Léa et Chéri, puis on nous catapulte six ans après, au moment où il va se marier. Ainsi ne sommes-nous pas vraiment associés à cet amour passionné qui va nourrir ces deux êtres pendant tout le film. Du trio de rêve, Hampton est donc le premier à chuter, entraînant Frears dans un récit demeurant le plus souvent en surface. Et pourtant, la maîtrise du cinéaste est toujours là : mise en scène élégante, fulgurance de certains plans pour capter un regard, un sourire, un changement d'expression. On peut aussi s'extasier de la richesse des costumes et des décors, ou regretter que ces derniers soient un peu trop ostentatoires en comparaison de la simplicité stylistique de ceux des Liaisons dangereuses. Regrettons aussi, et c'est sans doute là que le film échoue, la fadeur du fameux Chéri, dont on se demande pourquoi Léa l'aime tant. MAIS il y a Michelle Pfeiffer. Du trio, elle est la seule qui ne faillit pas. Impériale, viscontienne, littéralement habitée par ce personnage de théâtre et de souffrance, jouant d'un regard, d'un sourire aussitôt masqué, combinant assurance et désarroi dans un même plan, d'une élégance folle et d'une beauté à pleurer, elle irradie tout le film : on ne voit qu'elle. On pourrait ainsi la regarder des heures durant, se perdre dans ses yeux bleus, caresser du regard ses robes somptueuses et tout imaginer... A ses côtés, n'oublions pas Kathy Bates, comme toujours merveilleuse en fausse amie et vraie mauvaise fée. Leurs joutes verbales miéleuses, hypocrites et cruelles, nous rappellent les Liaisons dangereuses. Un film à voir pour Michelle Pfeiffer.