Au milieu de son abondante carrière anglo-saxonne, pavée de succès: pas un film qui n'ait été réussi! Stephen Frears avait ouvert une petite fenêtre vers la littérature française et les films en costume avec Les liaisons dangereuses, encore une vraie réussite. Il renoue avec cette veine dans Chéri.
Sans doute aurais-je sur ce joli (trop joli ?) film un jugement un peu plus mitigé. Tout d’abord, Michelle Pfeiffer est belle. Mais belle ! Trop belle. Quand elles la voient, avec sa copine d’age Kim Bassinger, les femmes s’écrient : trop chouette d’avoir cinquante ans ! Youp, youp, youp, youpee ! Le seul problème, c’est que les autres vieilles cocottes, à commencer par l’horrible mère Peloux (géniale Kathy Bates mais avec sa tronche de tambour major on a peine à croire qu’elle ait pu faire une si brillante carrière dans la galanterie….) sont décrites avec une cruauté réjouissante ; on se demande comment Léa a-t-elle pu vieillir si différemment, rester si divine en ces temps antédiluviens où le botox et l’acide hyaluronique étaient encore inconnus… Les boudoirs des cocottes, leurs draps de satin, leurs immeubles art déco sont décrits avec un raffinement exquis ; les robes, les chapeaux de Léa sont à mourir. Chéri (Rupert Friend) avec ses bouclettes brunes est à croquer. Quel joli garçon, ma chère. Ce qui est bien décrit aussi, c’est ce petit couple qu’on le contraint à former et qui ne peut qu’être une catastrophe, deux pauvres enfants élevés dans un milieu pourri –où plutôt, à côté, dans la place que leurs laissaient leurs mères trop occupées à parfaire leur carrière horizontale. Elle est frigide, il a besoin d’une maîtresse -maman ; ils sont mal barrés. Donc c’est bien, c’est du plaisir (on l’a dit, plaisir rime avec Frears !) mais on a la sensation d’être un peu passé à côté, et que c’aurait pu, du, être encore mieux –moins superficiellement profond