Comédie légère et métaphorique aux infimes relans de film policier, "Sparrow",le nouveau film de Johnnie To - prochainement surnommé l'homme qui réalisait plus vite que son ombre - ,nous offre la possibilité de voir plus loin dans les idées et les références de son cinéaste,du moins une partie de lui que l'on ne connaissait pas.Hommage à Jacques Demy et à ses parapluies,le film avance stratégiquement jusqu'à une scène finale chorégraphiée,apothéose de ce ballet de pickpockets virtuoses.Mais cette nouvelle rencontre avec le cinéaste,cette fois,ne prend pas.Sa caméra s'alourdit sur d'intenses rebondissements cloués au sol,joue l'illusion en fixant un moineau,joli petit symbole de l'étranger dans le cocon amical,puis se fige dans la confusion d'une intrigue brouillonne à défaut d'être labyrinthique (tout comme "Mad Detective",le précédent film de Johnnie To). "Sparrow" ,dans sa première demi-heure,aussi inoffensive soit-elle,ne peine pourtant pas à dégager un certain charme;la qualité de l'interprétation en générale et la musique entêtante servent un divertissement agréable,mais peu à peu,au fur et à mesure que To rajoute sa touche personnelle - et d'un certain côté tant mieux - ,le film se confond avec une fausse comédie profonde,côtoyant les relations et les signaux pour essayer d'animer vainement l'idée que la légèreté cache une certaine forme de complexité qu'il est à nous de trouver.Mais la façon dont To la dissimule pose problème à la globalité du métrage en ce qu'il perd d'interêt;ainsi,plus que les longueurs nous sont transmises avec virtuosité, la virtuosité d'un cinéaste si singulier et renouvelé qu'il en perd la matière de chaque nouveau concept ou simple idée de langage qu'il entreprend de mettre en image,ici avec une faiblesse et une platitude vertigineuse.Quant au point d'orgue final,cet entremêlement de parapluies dissipés,il peine à lui seul à faire oublier les trous noirs du scénario,vrai fossé pour les marionnettes charmantes qui déambulent à l'écran.