Solomon Kane est un bon film de Bassett. Réalisateur de séries B, il livre là sa partition sans doute la plus aboutie, portée il faut le dire, par un James Purefoy étonnant. On ne dira jamais assez à quel point, un film c’est avant tout un excellent héros, et Solomon Kane est extra. Purefoy l’interprète avec une profondeur rare, et démontre toute la portée de son talent. Il y a un peu du Aragorn du Seigneur des Anneaux dont son personnage, un peu du Van Helsing de Sommers aussi, mais Purefoy arrive à donner une dimension propre à ce chevalier perfide et cruel marchant sur le chemin de la rédemption. Il porte le métrage sur ses épaules, indéniablement. Le reste du casting a clairement moins d’importance, néanmoins quelques rôles sont bien travaillés, notamment celui de Pete Postlethwaite. C’est dommage tout de même d’être resté un peu superficiel sur d’autres (la fille Crowthorn par exemple). Coté scénario, Solomon Kane n’est pas fondamentalement original, mais propose une histoire rythmée, nerveuse, sans aucune longueur. Les rebondissements s’enchainent, et si parfois l’histoire et un peu hachée et manque de développement, ce n’est pas non plus vraiment gênant. Par contre le film m’a donné l’impression d’être clairement divisé en deux parties. La première est la meilleure, la mieux bâtie et la mieux conduite. La seconde, qui commence avec la disparition de la fille Crowthorn, est plus conventionnelle, et les rebondissements sont plus attendus. Il y a aussi quelques invraisemblances qui pointent leurs nez (le coup de la crucifixion par exemple). La fin est aussi un peu expédiée, et m’a déçu. Mais Solomon Kane se défend surtout sur l’aspect plastique. La photographie est absolument superbe, les décors magnifiques (les paysages enneigés sont de toute beauté), la mise en scène vraiment épique, les effets spéciaux sont totalement à la hauteur (avec 45 millions, Bassett ne pouvait pas rivaliser avec les super-production hollywoodiennes). Les costumes ne sont pas moins sublimes. Le tout baigné par une musique franchement bonne. C’est un quasi sans faute de ce coté là, et Solomon Kane bénéficie du coup d’une atmosphère bien épaisse, qui rend merveilleusement l’austérité, la noirceur du métrage.
Je ne dirai pas que ce film est un chef d’œuvre, loin de là, car il a des défauts malgré tout, et le premier vient surement d’une deuxième partie pâlichonne, qui plutôt que de faire grimper l’intensité du métrage, verse davantage dans du classique aventure-action attendu. Dans l’ensemble c’est tout de même de très bonne qualité, et encore une fois, surtout du point de vue formel. Je souligne encore, avant de finir, la prestation de Purefoy. A voir en tout cas, il le mérite.