Ah, Dario Argento...voilà un nom qui parle à tout cinéphile. Ce grand maître (« Maestro » comme le disent nos amis italiens) du renouveau de l'épouvante italienne dans les années 70 a su nous faire frémir avec pas mal de belles péloches. Alors, quand ce dernier revient avec son nouveau métrage au genre qui a fait sa renommée (Argento a su s'épanouir grâce au « giallo » : "Le Chat à Neuf Queues", "L'Oiseau au Plumage de Cristal", "Terreur à l'Opéra", "4 Mouches de Velours Gris", "Profondo Rosso", "Trauma", "Suspiria", "Ténèbres", "Phenomena", "Le Syndrome de Stendhal", "Le Sang des Innocents "), je ne pouvais que me réjouir de découvrir son nouveau bébé....et bien désormais je sais ce qu'on pu ressentir ceux qui ont combattu sur le ring Mohammed Ali : rarement je me suis mangé un tel uppercut cinématographique !! Ce n'est qu'une fois remis de mon KO que j'ai pu commencer à écrire cette critique...je ne vais y aller par 4 chemins : "Giallo" est une misérable purge !! Et je ne vous décris même pas à quel point cela me fais mal au cœur d'écrire ceci ! Comment Argento a-t-il pu s'intéresser à ce scénario qui peine à susciter le moindre intérêt chez le spectateur tant l’intrigue est d'une banalité affligeante ??! Le récit ne possède absolument pas la complexité caractéristique des véritables « giallo » et donne plutôt l'impression d'avoir été écrit pour figurer dans des séries télévisées de fin d’après-midi (vous savez : "Tatort", "Derrick", "Arabesque"...) : totalement aberrant !! mais le scénario n'est pas le seul raté du film : où est donc passé la géniale maîtrise de mise en scène qui a fait le succès d'Argento ?? Ici, tout sent à l'image les années 80 (surtout le mauvais côté de ces années !!) et on a l'impression d'assister à un téléfilm bas de gamme (cette gestion de la lumière absolument dégueue !!). Le comble est atteint avec les séquences d'agressions sorties tout droit d'un « torture porn » du pauvre qui sont la plupart du temps hors champs !! Seuls de rares inserts furtifs laissent deviner les maquillages gore de Sergio Stivaletti, fidèle compère d'Argento depuis des lustres, mais cela n'est pas suffisant pour retrouver la folie sanguinaire imprégnant les meilleures œuvres du Maestro. On va définitivement achever "Giallo" en parlant de l'interprétation. Commençons par celle d'Adrien Brody (un acteur que j'aime tellement pourtant...) qui est quelque peu...embarrassante, surtout pour un type qui a gagné un jour un Oscar (pour "Le Pianiste" en 2003) : supposé être un expert en psychologie criminelle, il se contente de manger des pizzas en regardant d’un œil absorbé les photos des victimes mutilées et en fumant clopes sur clopes avec un air absent...c'est d'une médiocrité indigne de lui. Malheureusement pour elle, Emmanuelle Seigner n'est pas mieux lotie : elle s'épuise à tenter de donner un minimum de conviction à son personnage qui n'a aucun intérêt en déblatérant ses lignes de dialogues nullissimes. Quand à Elsa Pataki, peut présente à l'écran, elle se contente d'hurler et d’insulter son ravisseur d'une manière si outrancière qu'on en bascule dans le risible le plus total (tiens, il s'agit d'une comédie en fait ??!). Pour finir, on va un peu s'attarder sur le « méchant » du film, le fameux vilain tueur en série : ridicule autant sur le plan physique (un lourd maquillage plus grotesque que terrifiant et un bandana rouge sur la tête qui lui donne un air de Rambo malade : au secours !!!) que dans ses motivations (je hais les belles femmes parce que j'ai un complexe envers maman qui m'a fait moche : Oscar de l'idée la plus originale mes amis !!), on pourrait presque croire qu'il s'agit en fait d'une symbolique représentant ce qu’est devenu le cinéma d’Argento : une abomination cinématographique malade à l'agonie...Et je vais vous achevez avec ze « anecdote » du métrage : ce vilain meurtrier n'est autre qu'Adrien Brody ultra grimé !! Si, si je vous assure, regardez le générique de fin : en face du nom de « Mr. Giallo » apparaît un certain Byron Deidra....pseudonyme qui est tout simplement l’anagramme d'Adrien Brody !! Je comprends qu'il est utilisé ce subterfuge pour garder un minimum de crédibilité. "Giallo" est donc tellement mauvais qu'on pourrait croire qu' Argento l'a fait exprès comme pour nous proposer une sorte d' hommage parodique et référentiel sa propre carrière...mais la réalité est tout autre : entre la réalisation affligeante, la bêtise de l’intrigue, le ridicule des situations, les dialogues consternants et le jeu d'acteur inexistant ; "Giallo" c'est 1h30 de thriller mou du genou qui porte très mal son nom, parsemé d’interminables blablas niais et bourré d’incohérences et de déductions sorties de nulle part. Echec total et sans appel, il s'agit d'une œuvre aberrante et consternante mais, par dessus tout, indéfendable surtout pour un type de l'envergure d'Argento. C'est triste voire tout bonnement pathétique...Dario Argento ne touche pas le fond avec ce film : il a carrément creusé sa tombe ! Je suis très peiné de dire ceci mais l’heure de la retraite a sonnée pour lui...