Le vieux professeur d'université, souvent seul, aigri et volontiers misanthrope, est un personnage récurrent de la littérature anglo-saxonne contemporaine. Ce même professeur possède bien souvent une particularité, voire une bizarrerie, qui nous le rend sympathique. Qu'il devienne héros de cinéma nous entraîne alors en terrain familier. Walter est professeur d'économie dans le Connecticut. Une obligation professionnelle l'amène à New-York. Il doit alors loger dans son vieil appartement. C'est là qu'il rencontre Tarek et Zainab qui sous-louent ledit logement à quelqu'un d'autre, mais en toute innocence. C'est la musique qui va d'abord rapprocher tous les personnages de ce film à hauteur d'homme. Qu'elle soit classique ou afro, qu'il s'agisse de piano ou de djembé, elle est vecteur d'entente, de compréhension et d'amitié. A l'inverse de Once, film improbable, niais et insupportable, The visitor réussit à rendre cette musique palpable et source d'émotions. Il est plaisant et touchant, par exemple, de voir Walter échouer à l'apprentissage du piano mais réussir à celui du Djembé. Alors, quand Tarek a des "ennuis", l'amitié installée va pousser le vieux professeur à sortir de son apathie, surtout lorsque Mouna, la mère de Tarek va faire son apparition. The visitor tient d'abord par un scénario solide et cohérent. Chaque personnage a de l'épaisseur, l'empathie fonctionne pour chacun. Mais la réussite du film est surtout due aux interprètes. Richard Jenkins, le père de Six feet under, campe Walter avec sobriété et justesse. Lorsqu'il sourit, son bonheur est communicatif. Face à lui, Haaz Sleiman aux charmes dévastateurs et Danai Jekesai Gurira, de toute beauté, sont également d'une grande justesse. Enfin, Hiam Abbass, à l'image de son personnage des Citronniers, fait de Mouna, une figure unverselle de femme (et de mère), belle et déterminée. La mise en scène, classique, presque trop, un peu faible en définitive, constitue le seul bémol de ce film humain et touchant.