Cellar door est un film qui ne paye pas de mine, et laisse supposer un petit film d’horreur lorgnant allégrement vers le torture-porn tout bête. D’ailleurs l’intro conforte le spectateur dans cette idée. Pourtant, le film m’a étonné, en dépit, il faut le dire, de quelques défauts.
L’interprétation n’est pas mauvaise pour commencer, même si clairement elle ne marquera pas les esprits. Elle repose surtout sur la confrontation entre James DuMont, le psychopathe, et Michelle Tomlinson, sa victime principale. Tout deux sont assez efficaces, et parviennent plus d’une fois à donner un réel intérêt à leurs prestations. Par ailleurs Zettell a fait un choix fort intéressant en prenant DuMont, acteur au physique peu attrayant, mais réaliste. Les tueurs en série ne sont pas tous des types de 2 mètres de haut avec des bras gros comme des cuisses, ou des éphèbes dont les jeunes filles ne se méfient pas. Ici DuMont c’est Monsieur tout le monde, et cela ajoute un coté réaliste bienvenu.
Le scénario est à la fois le point fort et le point faible du film. Il a le mérite de se concentrer sur ses personnages, sur les échanges entre le psychopathe et sa victime, dans une confrontation psychologique puis physique originale. Il ne faut pas s’attendre ici à une succession de meurtres, ni même à une succession de tortures en fait. Le scénario gagne en finesse et en singularité. A coté de cela il perd un peu en rythme, avec de réelles lenteurs. Le découpage est un peu saccadé avec des scènes, comme celles du supermarché qui ne s’intègrent pas toujours avec fluidité. Par ailleurs il y a des lieux communs, que je ne citerai pas pour ne pas nuire au suspens, mais que les amateurs du genre retrouveront sans difficulté. La conclusion est sympathique.
Sur la forme Zettell fait un travail convenable. La mise en scène est précise, esthétique, et même si Cellar Door n’a visiblement pas des ambitions démesurées, le résultat est très agréable. La photographie est sobre mais élégante. Elle est très naturelle, sans effets tapageurs. C’est un choix respectable et là encore original par rapport à la concurrence. Les décors quant à eux sont forcément limités puisque le film se déroule surtout dans la cave. Je ne m’étendrai donc pas dessus. Alors, j’ai eu l’occasion de lire que ce film avait une réputation gore assez marquée. Clairement ce n’est pas une réalité. Cellar Door propose certes des scènes violentes (certaines scènes sont dures car cruelles, notamment celle de l’introduction), mais il n’y a absolument rien d’excessif. Je ne pense même pas qu’il mériterait une interdiction au moins de 16 ans. Par ailleurs comme je l’ai dit Zettell n’utilise la violence graphique que dans quelques cas précis, se concentrant beaucoup plus sur ses personnages pour maintenir l’intérêt. Enfin la musique est à la peine dans ce film, lequel ne dispose vraiment d’aucune bande son intéressante.
En clair, voilà un petit métrage agréable, qui m’a surpris. Sans qualités énormes, il n’a pas non plus de très gros défauts, et du coup, il est un spectacle plaisant. Il mérite le détour pour les amateurs du genre, car il présente une certaine originalité, et s’avère formellement suffisamment abouti. Attention néanmoins, il est loin d’être aussi brutal que sa réputation, aussi amateur de gore craspec et de torture en tout genre, mieux vaut ne pas avoir trop d’attentes.