Si "Crossing Guard" se tient sur un scénario peu exceptionnel et s'il peut, au premier coup d'oeil, donnait une impression de déjà-vue, il ne faut pas négliger que Penn a déjà fait valoir ses talents de réalisateur et à déjà prouver qu'il possédait une patte fine et délicate. Il le démontre encore ici, dans son second long-métrage, par sa parfaite maitrise des instants importants et plein d'émotion qu'il intercepte par sa réalisation minutieuse, déballant par la même occasion d'impressionnants ralentis à faire froid dans le dos, et par son étude approfondie et personnel sur un sujet difficile qui est la perte d'un être cher. L'oeuvre en ressort compléte, dense, aux personnages emplient d'épaisseur et de caractéristiques fascinantes, avec lesquels on s'identifie du début à la fin, que ce soit du point de vue de la victime, ou du coupable. C'est d'ailleurs tout le principe du film, car Sean Penn parvient magistralement avec cette focalisation, à rendre le coupable, plus innocent que la victime. Il créé ceci en comparant les deux modes de vie auxquels s'emploient les deux personnages, l'un en chute libre, enchainant les plaisirs de la vie qui sont sexe et alcool, ce qui le rend égoiste et méprisant, et l'autre qui se forge une rédemption, en essayant de multiplier les bonnes actions, ce qui en fait un homme courageux qui va-de-l'avant. La notion de culpabilité occupe donc une place majeure dans ce film où la vengeance n'est utilisé qu'en second plan. Reste des séquences où les dialogues toujours subtils vous poignent, et où les événements créent constamment l'effet de surprise. Une oeuvre sensible et personnel donc, qui écope d'une scène final tout à fait déchirante, délivrant un véritable hymne à la paix, accompagné d'une B.O pleine de fièvres et de larmes. Intelligent, joussif, humaniste et d'une force frappante.