Erik Zonca via son deuxième film « Le petit voleur » reprend un sujet qui semble lui tenir à cœur. On retrouve donc le thème de la liberté et comment le héros sombre progressivement dans le coté sombre, en se mettant à voler. Bref le réalisateur essaye de nous montrer comment un jeune lâché par la société, en rompant les contrats sociaux, moraux et autres, apparait comme une fuite d’un jeune homme déboussolé livré à lui-même. Une fois que le personnage principal quitte la grisaille d’Orléans et qu’on le retrouve à Marseille, le film prend des couleurs de soleil, les espaces s’ouvrent enfin, permettant au spectateur de mieux respirer et d’apprécier encore plus le film. De plus le fait que cela se passe dans le sud permet d’apprécier les couleurs chaudes du sud de la France. Le film arrive même de façon assez sympathique à mélanger reportage et drame, suivre le parcours de ce garçon qui va faire, via les différentes rencontres l’expérience de ces propres limites, essayant de trouver (ce qu’il finira par faire) une certains stabilité intérieure, avoir assez de force et de courage pour réussir à s’installer dans ce monde et y prendre place. Eric Zonca reprend donc ici un thème cher à Bresson à savoir que les plus dangereux essayent de se faire une place dans un monde dominé pour eux par des riches et n’alternent pas la fibre des individus. Il est vrai qu’on se pose quelques questions à la fin du film, surtout qu’on le retrouve à travailler dans une boulangerie industrielle, comme-si ce que nous avions vu avant n’avait servir à rien, seul sa petite cicatrice rappelle le passé. Ainsi la morale du réalisateur tombe un peu comme une mauvaise crêpe, dommage étant donné que l’ensemble du film (malgré que cela ne soit pas assez long) était plutôt bien.
Mais le réalisateur réussit à rester dans le vraie en s’aidant notamment de non-comédiens professionnel (on assiste d’ailleurs au premier grand rôle de Nicolas Duvauchelle), grâce à ce bon choix, il se dégage une fraicheur, une vigueur que certains films avec des comédiens très talentueux n’arrivent pas à procurer. La caméra de Eric Zonca arrive aussi à prendre au plus profond des personnages leur sentiment, leurs peurs… et bien qu’on a droit à quelques maladresses, cela n’enlève en rien à l’authenticité du film, élément qui devient assez rare de nos jours et c’est pourtant un facteur important que le spectateur recherche dans ce type de film. Le petit voleur est en quelque sorte une suite de La vie rêvée des anges, montrant des scènes pouvant être parfois insoutenables et souhaitant montrer d’autres facettes de Marseille (entre autre) que ce qu’on a pu nous montrer ces derniers temps.
Il faut aussi remarquer que Le petit voleur est un film diffusé sur Arte, comme quoi il n’y a pas qu’au cinéma que l’on peut avoir des films aussi émouvants et vrais. Merci en tout cas à Arte de pouvoir proposer des films comme ceci, il est évident que TF1 et ses consœurs n’auraient jamais diffusés un film comme celui-ci.
critique sur:cthiboy.blogs.allocine.fr