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Eowyn Cwper
120 abonnés
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3,0
Publiée le 28 mai 2020
L’austère réseau autoroutier français n’a pas le charme du Far West : y faire un film n’a rien de glamour. Cependant, on a une fascination pour ce pan syndicaliste & prolétaire du cinéma auquel collent si bien Cluzet dans le rôle d’un directeur des travaux & Emmanuelle Devos dans celui d’une humble maire. Ce naturalisme goudronné nous fait nous demander : woké, mais alors quoi d’autre ?
Le directeur des travaux est un escroc. Mais Giannoli ne s’arrête pas à titiller notre curiosité malsaine : ce qui l’intéresse lui, c’est tout ce qu’il y a derrière la route, dans tous les contresens du terme : des décors constants aux pré-requis très spécifiques, énormément de bureaucratie, du jargon, bref : on se croirait aux portes ouvertes chez Eiffage. L’ultra-réalisme ouvrier & hiérarchique s’impose alors comme s’il n’avait déjà plus aucun secret pour nous, & Cluzet apporte juste la froideur nécessaire pour faire fonctionner son rôle avec pas grand chose.
Car l’escroc est pris à son propre jeu : sauveur de quelques communes avec 25% de chômage, son baratin suffit à amadouer les déséspérés & la machine démarre d’elle-même. Il est en train de construire une autoroute. Pour où ? Sa richesse personnelle d’abord, puis nulle part – joli parallèle au titre.
Le brassage moral est une porte ouverte à une dramatisation que le scénario ne bâcle pas : initié par l’escroc qui découvre ce que c’est d’obtenir du pouvoir quand on est au bon endroit au bon moment (& que cela peut consister à ne rien faire, ce qui l’étonne jusqu’à ce qu’il doive se heurter aux limites de sa propre passivité), il débouche sur une histoire vraie totalement “surnaturalisée”.
Entre l’énigmatique tronçon d’autoroute, les jeux de paperasse dont on éprouve l’élasticité & la confiance d’une foule qui peut faire s’élever puis tomber un homme, À l’Origine donne vraiment envie de faire un roadtrip sur les autoroutes (françaises) & pose une question qui dépasse sa propre fiction : comment en arrive-t-on à une histoire vraie pareille ? La réponse : “pas”. Attention aux lignes épilogales qui réécrivent l’histoire & ne laissent pas grand chose de son cœur authentique. Indépendamment de sa qualité, l’œuvre est une escroc à sa manière.
Je n’avais pas été convaincu par « Quand J’étais Chanteur », le précédent film du réalisateur Xavier Giannoli mais, là, j’ai vraiment été conquis : je suis sous le charme de cette histoire si singulière et de la façon dont le réalisateur a choisi de la retranscrire. Ainsi, le film retranscrit bien la vie associative dans les communes rurales, la proximité du maire envers la population - ce qui est moins vrai dans les grandes communes - et le problème du chômage, préoccupation principale des personnes qui sont attachées à leur vie dans une région et qui ne veulent pas la quitter pour suivre le marché du travail (sinon, comme on le dit très justement dans le film, tout le monde irait travailler en Chine !). La distribution est vraiment épatante : François Cluzet retranscrit bien les attitudes de cet homme si peu habitué à vivre en société et donc à échanger avec les autres, et les seconds rôles sont parfaits - Stéphanie Sokolinski (Soko) et Brice Fournier en particulier -. A voir ce film, le travail sur un chantier passerait presque comme le travail idéal pour qui est attaché aux relations humaines (l’entraide, les repas en commun). En tout cas, les relations y semblent plus naturelles et sincères que celles de la vie dans les bureaux. Ce film fait immanquablement penser à « l’Adversaire » pour cette vision d’un homme embarqué malgré lui dans les conséquences de ses mensonges mais le plus intéressant, ici, est tout ce que cet homme change dans la vie des gens qu’il côtoie. On perçoit tellement bien les émotions qui habitent chaque personnage. D’habitude, j’ai tendance à trouver que les films de plus de 2 heures mériteraient d’être raccourcis mais, pour celui-ci dont la version que j’ai vue au Cinéma fait déjà 2h10, j’ai paradoxalement très envie aujourd’hui de voir la version longue de 2h35 projetée en compétition à Cannes cette année et repartie bredouille à ma grande surprise.
On est vite happé par l'ambiance de ce film basé sur une histoire vraie : un homme (ici François Cluzet) se fait passer pour un chef de travaux capable de relancer l'économie dans une ville à haut taux de chômage. Emmanuelle Devos en tant que Maire et Gérard Depardieu en tant que maître chanteur donnent rapidement de l'envergure à ce film. Mais le dénouement paraît fade et peu contrasté avec ce qui précède, et on a peu l'occasion de se "réjouir" de la chute de cet escroc, ni sympathique ni antipathique d'ailleurs, mais très introspectif et inaccessible.
C’est un film réussi globalement. L’histoire est intéressante et la mise en scène est efficace. Le casting dans sa globalité mais surtout en priorité l’acteur principal est une réussite. Ce film a réussi dans son ensemble à allier suspense, drame et des petits moments plus calme et relâché. Il est intéressant de constater la supercherie du héros du film et surtout à quel point toutes ces actions ne font qu’entraîner sa chute.
Malgré un sujet intéressant qui retrace un fait divers avec précision, de manière romanesque et spontané, qui met en avant les complexités d'un être humain, ses sentiments, ses décisions, A L'origine traîne le pied et finir par ennuyer.
Ce film est tout simplement superbe !! François Cluzet est remarquable dans ce rôle d'arnaqueur minable qui va s'investir dans la réouverture d'un chantier et se trouver totalement dépassé par les événements !! C'est grandiose, prenant, réaliste et terriblement gênant ! Un chef d'oeuvre tiré d'un fait divers qui fait froid dans le dos !! J'ai été happé et charmé... Bravo !!
« A l'origine » est une fable sociale captivante, tirée de l'histoire vraie d'un escroc qui va se retrouver, à force de supercherie, chef de chantier d'une autoroute du nord de la France. Il est alors vu comme le messie par la population, dans une région où le chômage règne sans partage. L'imposteur se retrouve pris dans son propre piège. François Cluzet est, une fois de plus, bluffant dans le rôle de ce personnage ambigu, à la fois fascinant et touchant, se débattant de tout son cœur pour sortir ces gens de cette spirale de pauvreté. A ses côtés, Emmanuelle Devos est impeccable de justesse et son César amplement mérité. Xavier Giannoli nous livre une œuvre humaine intense, filmant avec force cette misère sociale, principale victime du chômage, véritable fléau de notre société. Un des meilleurs films français de l'année 2009.A voir !
A l’origine il y a le pitch, incroyable mais vrai : la fuite en avant d’un banal petit escroc, pris dans les mailles du piège qu’il a lui-même tissé. Sciemment, ou à ses dépens, on n’en sait pas beaucoup plus. Soit que Xavier Giannoli n’ait pas poussé l’enquête suffisamment, soit que Cluzet n’ait pas eu l’excellence nécessaire pour incarner Philippe Miller, double à l’écran de l’invraisemblable Philippe Berre (allez donc lire sa fiche Wikipédia). C’est clair, l’intéressé est un personnage, mystérieux, insaisissable, forcément dur à retranscrire. Il n’empêche que ça restera le principal, sinon le seul – mais non des moindres – grief qu’on peut faire au film : cet irrépressible frein qu’on ressent à entrer dans la peau de cet anti-héros. Le cinéma a besoin qu’on s’identifie. Sans ça, on se retrouve coincé à l’extérieur. Ce qui, remarquez, n’empêche pas totalement d’apprécier, beaucoup même. Emmanuel Devos garde toute sa présence, les seconds rôles s’investissent pleinement, l’histoire ubuesque n’est d’aucun répit. Et on a même droit à quelques plans très beaux de ce curieux chantier qui se déserte lentement. Non, vraiment, faites un effort. Restez.
L'intrigue ne tient pas debout mais ça n'a guère d'importance. En deux clics on découvre que la véritable histoire du personnage n'a pas grand chose à voir avec le film, mais la vérité dramatique compte plus que le respect des faits. En réalité Giannoli a réalisé un remake de "La Bataille de San Sébastian" d'Henri Verneuil, dans lequel Anthony Quinn, sous la défroque d'un faux religieux, aidait à la reconstruction d'un village mexicain à l'abandon. Comme Cluzet, il se retrouvait dépassé par les évènements, incompétent à accomplir une tâche dont il n'imaginait pas qu'elle soulève autant d'enthousiasme. Au crédit du film, une intrigue bien menée, dense, resserrée, avec une multitude de personnages parfaitement exploités, et des rôles féminins dans cet univers d'homme, très bien écrits pour deux actrices superbes. Cluzet est tout à fait magnifique dans son personnage d'escroc qui n'a aucune qualité pour en être un. Ni beau parleur, ni charmeur, c'est un personnage terne et sans charme qui nous rappelle Daniel Auteuil dans "L'Adversaire." Gérard Depardieu, joue un personnage d'appoint proprement odieux. Bon sang quel acteur ! Au discrédit du film, une mise en scène standard (a croire que les loueurs de matériels n'ont plus que des longues focales en stock) et sans le moindre lyrisme. N'importe qui aurait pu filmer ça de la même manière. On ne signale jamais l'importance de la B.O qui est ici aussi envahissante qu'insipide.
"A l'origine" adapte librement l'histoire vraie de Philippe Berre, imposteur célèbre pour avoir monté en 1997 un faux chantier d'autoroute dans une zone frappée par le chômage (l'escroc poursuivra d'ailleurs ses méfaits après la sortie du film !). Xavier Giannoli livre là un drame de qualité, à la mise en scène soignée (belles scènes de chantier, jolie musique, photographie teintée de gris), et au scénario très humain. François Cluzet incarne sobrement et justement cet escroc au départ méprisable, qui va se laisser dépasser par un engrenage de mensonges, et donner un nouveau souffle à une petite ville, donnant également un sens à sa propre vie. Face à lui, une Emmanuelle Devos touchante en maire pleine d'espoir. En somme, un fait divers incongru pour un film réussi.
Drôle de film dans lequel un escroc tombe dans son propre piège et sombre dans la folie jusqu'à perdre totalement pied avec la réalité. Ce drame est de très bonne qualité, dommage qu'il soit trop long.
Voilà comment j'aime le cinéma français, quand il fait vrai tout en étant plus héroïque que la nature même de nos vies, quand tout sonne juste sans pour autant donner l'impression d'avoir affaire à un documentaire. C'est pourtant une liste assez courte dans laquelle je peux désormais ranger A l'origine. L'histoire de ce film est d'autant plus déroutante qu'elle est tirée d'un fait réel, même si qu'on s'y entende, la vraie version est allée beaucoup moins loin dans le projet, cela conserve quand même bien les grandes lignes et cette idée impensable sort bien du cerveau d'un citoyen lambda. Qu'est ce qu'il incarne bien ce citoyen lambda mon François Cluzet. Autant je ne suis pas du tout fan de l'acteur, autant je pense que j'ai assisté ici à sa meilleure prestation. Il laisse sans voix. J'ai adoré sa façon d'hésiter, de mettre en relief un profil totalement atypique d'homme perdu qui n'a pas su trouvé sa place au sein de la société... C'est réussi. Les seconds rôles, surtout Emmanuelle Devos aussi vraie que nature, ne sont pas en reste. Bon, ça reste un film sur un gars qui construit une fausse autoroute? Avant tout le message, le symbole, et la beauté du geste. Comme quoi on peut bien retranscrire en magnifiant une histoire vraie même si celle ci aurait tendance à écœurer et susciter qu'un vague intérêt d'un premier abord.
Ce film inspiré de fait réel et adapté de l'histoire de Philippe Berre, un escroc qui à frappé encore il y a quelques années est très bien porté par un François Cluzet inoffensif et bluffant. Gérard Depardieu n'est pas très convaincant dans son rôle.
Une histoire incroyable et un scénario plutôt bien réussis, intéressant ou l'on découvre le déroulement de l'escroquerie de cette autoroute "maudite" auquel il y avait déjà des travaux de réalisé auparavant mais abandonné. La durée du film de 2h10 ne se ressent presque pas malgré quelques faiblesses par moment, on reste cependant dans l'intrigue et l'on se doute bien de comment cela va se terminer.
Un film Français comme on aimerait en voir un peu plus en ce moment.
Une histoire folle... Un escroc qui se prend à son propre jeu et qui se fabrique un rôle de messie pour un village et pour donner un sens à sa propre vie en panne. .. Une histoire dérangeante qui devient belle et un mensonge plus grand que nature dont on vient à espérer qu'il soit vrai... Cluzet réalisé une performance d'acteur époustouflante : sa solitude, sa souffrance, ses doutes, ses joies et ses désirs. .. tout y est palpable. ..