Ce premier long-métrage de Darren Aronofsky, sorti en 1998, n'est pas mal mais sans plus. J'avoue que c'est un film qui m'a longtemps intrigué mais je ne savais pour autant pas vraiment à quoi m'attendre puisque je n'avais vu aucun trailer ni même aucune image du film avant de m'y lancer. Quelle ne fut donc pas ma surprise tout d'abord en découvrant un film dans un noir et blanc plutôt dégueulasse. Mais enfin, je me suis dit bon pourquoi pas, nous sommes après tout dans l'univers étrange et surtout dérangé de Darren Aronofsky et la photographie, si moche soit-elle, correspond très bien à l'ambiance et apporte justement beaucoup à cette dernière. Car oui, c'est l'histoire d'un jeune homme vivant seul avec ses (grosses) migraines qui se met en tête (sans mauvais jeux de mots) de trouver une suite logique de 216 chiffres (dans la bourse, dans la Torah, dans le nombre pi) qui régit en quelque sorte l'univers. Pour cela, il se fait aider de juifs, de son ancien maître de thèse à l'université et puis d'une firme de Wall Street. Chacun y cherche son compte mais surtout, le film est évidemment lié à la religion et à l'argent, deux thèmes qui mènent principalement le monde moderne. Bon voilà, si clairement on accroche pas ne serait-ce qu'une seule seconde, alors nous sommes complètement éjecté de l'intrigue car les théories mathématiques sont déjà quelques fois difficiles à comprendre mais de plus, le film navigue entre la réalité et les délires du personnages principal. D'ailleurs, le style du réalisateur est déjà, dès son premier long-métrage, très marqué en termes de réalisation et de style d'écriture, nous pouvons d'ailleurs voir ce film comme étant une sorte de "brouillon" (même si le mot est fort tout de même) de son futur chef-d’œuvre "Requiem for a dream" dont nous retrouvons beaucoup de similitudes. Nous y retrouvons par exemple les thèmes de la drogue, de la folie, de l'auto-destruction et au niveau de la mise en scène, nous retrouvons par exemple ce montage rapide et saccadé qui plonge souvent le spectateur dans la détresse et l'aliénation des personnages. Personnellement, on ne peut pas dire que je n'ai pas accroché mais on ne peut pas dire non plus que j'ai pleinement accroché, je dois avouer que je l'ai vu dans un état de fatigue plutôt avancé, ce qui n'a pas aidé à ma compréhension de l'histoire. Il faut ici rester continuellement concentré, ce qui n'est pas évident car il est assez difficile de se projeter autant dans un univers aussi malsain. Malgré tout, le fond de l'histoire reste passionnante et puis surtout l'intrigue est très originale, même si la morale laisse un peu à désirer et manque d'imagination. En ce qui concerne les acteurs, nous retiendrons surtout Sean Gullette (également coscénariste du film) qui joue très bien et est très convaincant. "Pi" est donc un film plus dérangeant qu'autre chose mais qui reste très intéressant, surtout si on est curieux de voir les bases du réalisateur.