Un cauchemar psychologique comme je les aime: personnellement j'ai beaucoup pensé à Lynch, et son fameux Eraserhead, mais en versions cyberpunk. Même noir et blanc grumeleux, scènes d'hallucinations et mutations corporelles (le cerveau !), on se retrouves du début à la fin dans la tête de Max, et surtout dans sa folie, et du coup on ne sait jamais si on est dans la réalité ou dans un délire psychotique du mathématicien qui sombre dans la paranoïa, et au fur et à mesure la situation se barre en sucette, vu qu'il se torture constamment la cervelle pour sa suite: 216 chiffres, et à force d'étudier ce chiffre ça finit par l'obséder, comme le prévoyait le professeur au début du film, un peu comme dans "Le nombre 23", sauf que Schumacher (après une trentaine de films) n'est toujours pas aussi doué qu'Aronofsky à ses débuts.
Car le petit jeune à déjà un sacré sens de la mise en scène, qui préfigure celle de son chef d'œuvre (pour l'instant en tout cas ^^) "Requiem for a dream", mais en version amateur (petit budget et inexpérience oblige): voix-off co-écrite avec Sean Gullette, l'acteur principal, dialogues et scénario recherchés et réellement intéressants, utilisation expérimentale de la bande sonore, avec le fidèle Clint Mansell (qui fait une fugitive apparition en photographe dans le film) qui crée une BO drum'n'bass efficace mais un peu indigeste à force, et d'autres groupes plus connus tel que Massive attack (ça fait plaisir d'entendre fugitivement "Angel") ou Orbital pour l'ambiance techno-mystique, à force on s'y perd un peu (heureusement c'est fait exprès, et le film ne dure qu'une heure vingt minutes).
Mais c'est réellement captivant à voir, et surtout intéressant: le monde vu comme une suite d'équation (on croise Léonard de Vinci, Pythagore...), un message sur la quête de connaissance et l'apprentissage, et ce final ! Abracadabrant, certes, bordélique, certes, mais intelligent...