Bon, c’est du Pialat ! Deuxième film, et une impression bien mitigée encore une fois. Mieux que A nos amours, mais enfin, Pialat s’enlise dans le fait de filmer la vie, et forcément, sans beaucoup de vie aussi.
Le cinéma de Pialat au travers de ce film c’est une succession de scènes qu’on a plus ou moins tous vécu, si tant est que l’on a connu cette époque, et l’on se retrouve plongé dans le quotidien de jeunes du Nord, avec tous les problèmes qu’on peut vivre à cet âge et les craintes de l’avenir. En soi tous n’est pas mauvais. Le sujet est ambitieux, il y a de belles séquences, justes et touchantes, on sent du potentiel, et on sent que le réalisateur aime ce qu’il fait. Mais après… Pas vraiment de scénario, des ellipses temporelles qui rendent le film décousu et pas bien clair, beaucoup de personnages pour un film d’1 heure 20, une fin très abrupte, beaucoup trop abrupte même. En fait Passe ton bac d’abord c’est une tranche de vie de quelques mois d’un groupe de jeune, avec des morceaux pris de ci de là, et cela ne fait pas vraiment un film plaisant.
Formellement c’est le style Pialat. Très sobre, un style presque documentaire, aucun effet de style, cela n’est pas trop mauvais comme choix, et en tous les cas bon point sur l’ambiance du Nord, rare au cinéma, et bien retranscrite dans toute sa mélancolie, et sa tristesse ! Le cinéma de Pialat est assez austère en la matière en général, et ici cette austérité trouve une juste place. Reste que la prise de son pour les dialogues est très mauvaise, parfois les bruits d’ambiance prennent complètement le dessus, et musicalement il est vrai qu’on aurait pu avoir un peu plus d’efforts de fait.
Reste le casting. Plutôt un bon point, du moins pour les acteurs principaux. Beaucoup de seconds rôles restent fades, peu marquants, et ne retiennent pas l’attention ou alors cabotinent comme de beaux diables (la mère). Reste que le couple de la plage joue juste et est crédible, tout comme le couple marié, lesquels nous campent des scènes crédibles, réalistes, et forcément marquantes au milieu d’un ensemble qui, comme souvent chez Pialat, ressemble à la réalité, mais avec des artificialités gênantes.
Mon avis sur ce film reste plus positif qu’A nos amours. C’est moins redondant, moins surjoué, mais ça reste faible. On tient un film stylé Michel Lang, mais en plus sombre et austère, et cela aurait pu être super aussi dans son genre. Mais finalement c’est assez mal fait, pas assez scénarisé, et on a l’impression d’assister à un documentaire sur la vie des jeunes dans le Nord en 1978. Curieux, mais pas fameux. 2.