Ce nouveau cru chabrolien se conclut sur une inutile sentence: "Il y a toujours une autre histoire, toujours plus que l'oeil pourrait voir". Etait-il nécessaire de rappeler cet règle chabrolienne par excellence, puisque l'oeuvre du cinéaste repose entièrement sur ce que l'oeil ne voit pas mais suppose, sur cette géniale capacité qu'offre son cinéma: la réflexion. Dans un Chabrol, rien est donné, tout est à construire ou à déconstruire. Filmant le démon qui est en chacun de nous, s'arrêtant lentement sur les détails d'une enquête menée par le spectateur, Chabrol produit un cinéma qui n'appartient qu'à lui. Même si, aujourd'hui, ce nouveau filme déçoit pour son intrigue peu efficace, elle séduit par sa majestueuse interprétation. Le césar serait ici, indéniablement, remis à un Depardieu magistral. Rodant, ici et là, le souffle haletant, épuisé par ce poids qu'il traine avec lui, l'oeil vif et l'humour cynique, il nous rappelle qu'il est encore là, lui, le monstre, l'ogre de cinéma. Depardieu ou Bellamy, la confusion est subjuguante, il endosse un rôle taillé sur mesure, hante l'espace comme jamais, en homme désanchanté et pris aux pièges de ses fantômes (l'alcool, la famille,...). A le voir, lui face à la caméra, et à imaginer Chabrol derrière, on se demande comment ces deux-là n'ont pas pu se rencontrer plutôt. Artistes identiques, aux désirs similaires, à la peur du vide commune. Ces deux là excelle face à la médiocrité du monde.