Un film étrange, déroutant, qui ne se laisse pas apprivoiser. Derrière l'apparente simplicité du récit et la fausse placidité d'une mise en scène en fait parfaitement maîtrisée se cache un pessimisme, une mélancolie, une tristesse ; voire le mal. Comme une amnésie involontaire, comme quelque chose de caché, de refoulé, que l'on pressent être là sans que l'on arrive à le saisir. Bellamy ? Son couple ? Son frère ? Quelque chose d'autre ? Le refus de voyager, la tension sexuelle entre Bellamy et sa femme, la complicité doublée de moments de félure, la maison de famille, le frère, même la "révélation" finale, sont des fragments, mais ne sont que des fragments de quelque chose d'autre. Mais de quoi ? Un puzzle esquissé, qui commence à êre ordonné, l'image se devine, mais elle reste floue, illisible, et il manque des pièces. Le récit est ici purement anecdotique, c'est presque un parangon de McGuffin. S'intéreser à l'enquête et attendre un rebondissement est une ânerie, c'est rester à la surface des choses. Du grand cinéma, qui par une ambiance, une atmosphère, une écriture, crée un sentiment - ici, presque un malaise. Un film subtil et profond.