Premier essai derrière la caméra pour Madonna, la star parmi les stars. Si l'on critique déjà, avant d'avoir vu, ou du moins que l'on émet des doutes sur la simple image d'une chanteuse endiablée tenant la caméra, "Obscénité et vertu" s'avère être une plutôt bonne surprise, ou du moins, pour ne pas trop s'emporter, une oeuvre pas si catastrophique que ça. Evidemment le film laisse à désirer techniquement, comme si l'ouverture d'esprit de Madonna tenait seulement dans le profit que le cinéma peut lui apporter. Il faudra aussi passer par-delà son monde, ses délires, ses références, parfois lourdes et énervantes. Son trip psychédélique atteint parfois ses limites, mais pour autant, une certaine émotion se détache de ce petit groupe de paumés attachants. Les belles scènes avec le poète aveugle, contrastant avec la cradeur réaliste et vulgaire du reste, vient joliment approfondir un film basé sur la réflexion de la réussite. L'humour excentrique de la Diva, ses choix musicaux et ses acteurs restent somme toute cohérents dans la réunion des ingrédients. Il y a un côté évidemment grotesque dans cette tentative de cinéma, pas beaucoup de sérieux, mais une sérieuse prise en compte d'éléments quotidiens et sociaux pour un unisson final assez touchant. C'est un joyeu bordel, proche de la bouffonerie du dernier Kusturica avec ce qu'il faut d'excès et d'innovation, mais "Obscénité et vertu", malheureusement, a tendance à oublier d'être audacieux. Tout est vaguement retenu, sans trop de remous pour ne pas trop jouer la provoc' gratuite, mais la justesse de certaines situations et surtout l'amitié qui se lie entre les personnages et le spectateur finissent par nous atteindre avec facilité. Rien de bien transcendant, mais la sympathie entourée d'une petite dose de morale un brin philosophique font pencher la balance du bon côté.