Première scène. Plan fixe : l'enterrement de Maurice. Des visages de femmes en larmes, en deuil. Quelques cris, quelques protestations. La caméra ne bouge pas, le spectateur non plus. Que se passe -t-il? Des arbres sont perceptibles à l'arrière plan, observant avec bienveillance ces âmes ésseulées. Le temps semble être couvert, un orage se prépare, peut-être... ou est-ce autre chose. Une minute ou deux s'écoulent. Toujours les plaintes des pleureuses, c'est tout. Soudain, le plan change. La caméra dévoile autre chose, au dessus des pleurs, au dessus des femmes. Des hommes sont là, attristés eux aussi, qui regardent, qui se consolent, qui embrassent les femmes, qui s'empoignent. Une communauté se tient là, une famille, autour de ce Maurice que nous ne connaissons pas. Mais bientôt, ce ne sont plus les cris que l'on entend, c'est autre chose, un bruit sourd, violent, qui vient troubler la cérémonie. Un cri d'une autre espèce, pas humain celui-là. Qui ose faire entendre son cri plus haut que les pleureuses? C'est une sirène, une alerte. La guerre n'a pas l'habitude de faire de trêve pour les morts. Une attaque se prépare, la mort rôde tout autour d'eux, ils le sentent. Alors, ils décident de désobéir à la tradition, ils mettent des masques à gaz, tous, en continuant à pleurer ensemble sous la musique stridente de la sirène. Le spectateur ne sait plus s'il doit rire ou pleurer, devant ces extra-terrestes d'un genre nouveau. Voilà, décrite avec mes mots, cettre première scène formidable d'un film qui ne l'est pas moins. Tout le début du film est dans la retenue, dans l'émotion refoulée, dans la séparation des êtres. Le spectateur se familiarise lentement avec les personnages, les découvrant deux par deux le plus souvent, en les devinant plus qu'en les comprenant. Ainsi, la première moitié du film se trouve gouvernée par la tradition : les « tu dois » et « il ne faut pas » ou les « c'est interdit » abondent.(voir la suite sur mon blog : http://cinema-critiques.blogs.alloc