Pour l'avoir revu, je dois avouer avoir été bluffé. Mon bonheur est immense (aussi car il y a des choses que je n'avais pas perçu la première fois.) "Les femmes du sixième" étage fait figure de mélodrame social dans lequel un famille bourgeoise des années soixante fait la rencontre d'une nouvelle "bonne" espagnole qu'il prendront à leurs charges. Et là n'est pas l'intérêt premier du film. Si Le Guay a choisit ce sujet, c'est aussi car il étudie en profondeur les relations entre deux cultures, entre deux milieux, entre deux modes de vie tout simplement. Si le film reste assez gris pendant un petit moment, il n'en est pas moins de la douceur, de la légèreté et de la poésie qui émanent des derniers plans tournés en Espagne. "Les femmes du sixième étage" conte à sa façon l'histoire d'un homme d'affaire et de sa rencontre fortuite avec cette femme, Maria, qui changera sa vie. Il y a aussi chez le réalisateur une certaine intelligence au niveau du choix des acteurs. Si Luchini est magistral dans son rôle, Kiberlain l'est tout autant, et on suit l'évolution de ces deux personnages avec une certaine attention. Aussi bon sur le fond que sur la forme, tantôt émouvant, tantôt cocasse, le film parvient à slalomer entre les clichés et à nous servir une histoire qui mérite d'exister, tant par sa force réaliste que sa force humaniste. Car oui, "Les femmes du sixième étage" est un film humain avant tout, dans lequel on sympathie nous aussi avec cette bande de femmes généreuses et bon-vivantes. Si je devrais reprocher une toute petite chose au film, je retiendrais le jeu d'acteur des enfants, assez faible selon moi, et très théâtral. Quant au reste, c'est parfait, et c'est une énorme surprise, même si l'originalité du scénario destinait à une réussite. De l'unique et délicieuse bande son aux dialogues évocateurs, du caractère de chaque personnage, unique, à la construction narrative parfaite, le film donne des frissons. Le Guay aime son film, ses personnages, et c'est un créatif. Le dénouement final est frustrant, c'est vrai mais vient cette question : Puisque c'est ainsi, alors le réal fait-il en sorte que se soit à nous d'imaginer, de créer à notre tour, comme si le destin des deux personnages principaux nous appartenait ? La réponse est oui, de ce fait la chute du film, aux couleurs de l'Espagne, devient sublime.