Paris, début des années 60 : les bonnes à tout faire bretonnes sont remplacées dans les immeubles bourgeois par les Espagnoles (et les Portugaises seront les prochaines). Jean-Louis Joubert, troisième génération d'agents de change, digne (limite compassé), est loin de se douter que ce renouvellement de la domesticité est de nature à bouleverser son tranquille quotidien. En aidant Maria à exiler dans une des chambres du sixième étage servant de débarras certains effets de sa mère récemment disparue Jean-Louis fait la connaissance des autres occupantes de cet étage ancillaire : Concepcion, Pilar... Conquis peu à peu par la chaleur communicative de ces "Femmes du sixième étage", il ira jusqu'à les rejoindre, élisant domicile dans le débarras, à la suite d'une dispute conjugale née d'un quiproquo. Pratiquement tout le film se passe dans l'immeuble des Joubert, entre étage "noble" des maîtres et sixième des soupentes serviles, représentation évidente des rapports de classes - pour autant, pas de charge militante, juste une plaisante esquisse "politique". Pratiquement tous les personnages sont féminins (le groupe formé par Mme Joubert et ses amies, femmes au foyer - mais qui ne s'occupent ni de ménage, ni même de l'éducation de leurs enfants - qui sont lasses à force d'oisiveté, et celui des Ibères laborieuses) - mais le personnage central est masculin, et son histoire en forme de passage d'un groupe à l'autre (des habitudes, des traditions.... et de l'ennui, à l'aventure et le déclassement volontaire, l'empathie, la vie tout simplement) est l'ossature du scénario. L'ensemble est réussi, follement sympathique et diablement bien interprété, de Sandrine Kiberlain, épatante en conjointe écrasée par les conventions, à toute la petite troupe espagnole, très convaincante, Carmen Maura en tête, sans oublier évidemment l'Homme, finement incarné par un Luchini parfait. On pourra cependant regretter la fin un peu facile, où la chronique piquante cède finalement la place à la seule romance.