« You have more than one birth right, boy. »
Si le talent de Denis Villeneuve en tant que réalisateur n’est plus à démontrer, alternant ici à la perfection les profondeurs de champ et les gros plans, il faut reconnaître que s’attaquer au chef d’oeuvre littéraire de science-fiction précurseur de, par exemple, Star Wars, était un projet risqué après l’autre chef d’oeuvre cinématographique qu’en fit David Lynch (1984). Pour relever ce défi, Villeneuve fait appel au scénariste vétéran Eric Roth (qui est jusqu’à aujourd’hui titulaire de six nominations aux Oscars dont une victoire pour Forrest Gump, Robert Zemeckis, 1994), à John Spaihts ainsi qu’à Brian Herbert et Kevin J. Anderson, les deux continuateurs de l’oeuvre de Frank Herbert.
Pour personnifier les héros et anti-héros de cette fresque galactique aride, on s’étonnera d’une distribution bigarrée assez inégale et sans doute seul point plus faible du film : Timothée Chalamet, impressionnant et toujours parfait dans un jeu lent, Rebecca Ferguson convaincante en mère courage, Oscar Isaac pas nécessairement crédible en duc noble et fier, Stellan Skarsgård qui en fait toujours trop en méchant rival, Jason Momoa qui peine à asseoir un jeu réellement dramatique, Josh Brolin qu’on aimerait voir sortir de ses rôles de guerriers burinés (et il en est capable!), David Bautista en géant primaire criant de vérité, Charlotte Rampling en révérende mère glaçante et, surtout, Zendaya en mystérieuse résistante fremen.
Plus que les décors et les effets spéciaux, la musique et la bande son, exceptionnelles toutes deux, rendent particulièrement bien, associées à la lenteur intentionnelle de la narration, le climat mystique, voire christique du roman et ses influences historiques diverses, des empires antiques à l’exploitation des ressources moderne en passant par la pérennité des cultures orientales. Le parcours initiatique âpre et tourmenté de Paul Atréide prend ainsi corps dans un univers admirablement reconstitué qui s’inscrit dans l’universalité et l’intemporalité, encore renforcées par la photo, oscillant entre le mat grisé et le sépia, qui tranchent avec les yeux bleus luminescents des fremens.