Villeneuve aux manettes de Dune, il fallait un sacré alignement d’étoiles pour que ça arrive, et le réalisateur en avait bien conscience. Marchant dans les pas de Herbert, de Lynch et un peu ceux de Jodorowsky selon la culture populaire, Villeneuve ne s’attaquait pas qu’à une troisième adaptation éponyme d’un univers de SF si imposant qu’il a inspiré Star Wars, mais aussi à un rêve d’enfance.
Étant très fan de tous ses films, c’est avec confiance que j’ai abordé Dune, même en connaissant les enjeux. L’artiste était dans son élément (il a toujours adoré filmer le désert), bien préparé et bien entouré, et moi j’aime la SF. Pourtant, un tantinet de déception m'attendait bel et bien au virage.
Dune est objectivement un très bon film, et je retrouve la patte d'un réalisateur que j’adore, notamment dans le charisme soigné et inopiné des personnages, ainsi que dans l’expérience sonore et visuelle. Mais au premier visionnage, c’est comme si c'était une adaptation… trop pure ?
Ce n’est sûrement la faute à personne, mais j’ai l’impression que Dune était déjà si exploité, et Villeneuve tellement confiant et à l’aise avec cet univers dans les mains, que le film était prédestiné à une réussite évidente, un quelque chose qui nous fait dire « et bien oui, Dune en 2021 ne pouvait rien être d’autre que ceci ». Évidemment, c’est le signe d’une adaptation immaculée, mais ça fait réfléchir à la place de la créativité et du challenge artistique. Peut-on parler de succès si un artiste arrive à donne à une œuvre la seule forme qui pouvait marcher ? Est-ce une création si le résultat est "bleached", lissé jusqu'à une forme de banalité par le trop d’artistes qui s’y sont intéressés ?
Ce que je dis suppose que la production de Dune était toute tracée ; c’est bizarrement déterministe, et de toute manière faux. Toutefois le sentiment qui m’a suivi·e tout du long tandis que la caméra nous dévoilait d’autres mondes : le space opera est censé offrir un rêve infini, pourtant j’avais l’impression de fouler des terres familières, déjà explorées dans la mini-série par exemple.
Pour passer outre, je vais pratiquer de l’autopersuasion, et me dire que je ne fais que chercher la petite bête (pas le ver des sables, du coup). Voilà qui n'est pas très difficile puisque je n'ai qu'à me remémorer le charme et le mystère du désert, ou le poids d’une géopolitique encore à moitié secrète qui donne hâte de voir la suite. En espérant tout de même que, dans l'intérêt du lore et du fan service, ce premier opus serve "juste" d’incubation et soit la promesse d’une floraison.