Si la forme est aboutie, le fond, lui, ne l'est pas du tout. Craignant de perdre son spectateur dans la densité de l'histoire, Denis Villeneuve explicite tout ce qui pourrait le laisser se questionner, se perdre, comprendre par la suite. Cela passe par des répliques "CV", où les personnages donnent leur nom, leur lien de parenté, leur statut et leurs intentions en l'espace de deux phrases. Ou bien par l'intermédiaire de personnages secondaires qui décrivent tout ce qui sort de l'imagination de Herbert. Le comble, à ce niveau-là, est quand même le robot-bobine qui diffuse à Paul Atréides des diaporamas avec des définitions encyclopédiques…
Les personnages, quant à eux, sont tous des archétypes réduits à presque un seul trait de caractère : le noble démagogue, le maître d'armes viriliste, la mère protectrice, le conseiller sage, le militaire intransigeant, etc. Et c'est sans parler de la famille Harkonnen, qui réussit à réunir la brute épaisse, l'éminence grise sournoise et le tyran impitoyable, le tout, dans des décors désolés et ternes. Tout en subtilité.
Esthétiquement, Villeneuve est capable de capter la grandeur des paysages et des décors, parfois sous des teintes crépusculaires ou nocturnes. Mais il a choisi de nous assommer pendant plus de 2 h 30, avec une solennité usante, de lieux communs de science-fiction. Le montage, pas toujours fluide dans l’entremêlement de certaines scènes, ou lors des champs-contrechamps, finit d'alourdir Dune ; et, à la longue, nous alourdit aussi.