J’ai vu #Dune hier soir, ce n’est que mon premier visionnage donc absolument pas un avis définitif mais voici mes premières réflexions en tant que fervent appréciateur de Denis Villeneuve, des livres Dune et de Hans Zimmer.
Si je devais résumer ma pensée, je dirais que #Dune (avec un hashtag je parle du film, sans hashtag, du livre) est le “best of both worlds” de Denis Villeneuve et de Dune, c’en est la plus grande qualité et le plus grand défaut.
Évidemment, la réalisation de Denis Villeneuve est sublime et donne lieu à des plans qui s’impriment dans la rétine, à la Blade Runner 2049. L’univers fourmille d’éléments de design inventifs à la Arrival. La chaleur du désert et la froideur de la nuit ne sont peut-être pas aussi brillamment retranscrites que dans Sicario mais ça, c’est peut-être parce que je n’ai pas vu le film en IMAX dans une salle digne de ce nom.
L’adaptation du livre est, d’une certaine manière, magistrale. Le film suit suffisamment les événements du matériau originel pour en faire une adaptation fidèle sans pour autant s’y engluer et réaliser un film-livre mou (coucou Harry Potter 1). D’ailleurs, #Dune réussit le tour de force de garder de l’intérêt et des éléments de surprise même pour celles et ceux qui connaissent les livres par cœur.
Le seul personnage qui pour moi n’est pas au niveau du livre est Dame Jessica : on ne ressent pas son amour inconditionnel pour le Duc Leto, elle semble fragile, toujours sur le point d’exploser en larme alors qu’elle est ultra badass. Liet Kynes en revanche est tellement plus intéressante que dans le livre !
Mais surtout, #Dune réussit à poser toutes les questions centrales abordées par Frank Herbert : le fanatisme, la manipulation des foules par la religion, la dictature, la perméabilité du bien et du mal, l’impact épouvantable du capitalisme sur l’écologie etc. L’esprit de Dune est parfaitement retranscrit dans #Dune, et c’est éminemment appréciable.
Le problème est qu’avec un best of, on perd aussi les éléments secondaires, les choix très personnels au sein d’une œuvre qui peuvent lui donner du corps, une substance qui la transcende, ces fameux défauts qui rendent le résultat plus juste, plus honnête. Dans #Dune tout est tellement parfait que parfois, le film manque d’aspérité.
En faisant un film digeste avec un rythme soutenu, Denis Villeneuve a coupé du livre ce qu’il était logique de couper mais ce qu’il est tout de même dommage de couper.
toutes les intrigues politiques entre l’arrivée des Atréides à Arrakeen et l’attaque par les Harkonnens passent à la trappe au profit de scènes d’actions plus épiques :
les doutes du Duc sur la personne qui le trahira, le rôle de la Shadout Mapes, la protection de la précédente occupante Bene Gesserit dans la serre etc.
Je comprends ces choix, je n’en suis pas moins triste pour autant.
Denis Villeneuve a l’intelligence de glisser de manière subtile des références plus “niches” à l’univers de Dune
(la manière dont le Bene Gesserit trace la voie, le luxe des dattiers sur Arrakis, l’omniprésence des assassins, des traîtres etc.)
mais malheureusement, on les vit presque plus comme du fan-service, un clin d’œil d’un fan du livre aux autres, que comme une part intégrante de l’histoire, capable d'insuffler une réelle vie à cet univers.
Une version longue est absolument nécessaire !
Là, après seulement un visionnage et une sensation qui s’estompe en réfléchissant aux mots que j’écris, j’ai la sensation que ce qui me manque peut-être le plus dans #Dune est la patte de Denis Villeneuve. Il me manque la crasse d’un Prisoners, la bizarrerie d’un Enemy, le twist d’un Arrival, la violence et la tension viscérale d’un Sicario, la lenteur d’un Blade Runner 2049, toutes ces choses qui font des films de Denis Villeneuve des œuvres fortes non-consensuelles.
Et j’ai la sensation, qu’à travers plusieurs éléments du matériau de base
(d’où proviendra la trahison, les visions contradictoires de Paul, les agendas cachés du Bene Gesserit, de l’Empereur, de la guilde des navigateurs etc.)
, Denis Villeneuve aurait pu intégrer à #Dune ce qui nous fait régulièrement nous dire en regardant ses films “Mais qu’est-ce qui se passe bordel ??”.
J’aime tellement être perdu en regardant un Denis Villeneuve, c’est un tel plaisir de me poser 20 000 questions à la seconde, puisque je sais qu’il retombera toujours sur ses pattes.
Grâce à ces choix, #Dune plaira sûrement à un nombre bien plus important de spectateurs. Et puisqu’apparemment il faut sauver le cinéma et que c’est le seul moyen de le faire, je retournerais évidemment voir ce film quelques fois et je le recommanderais autour de moi.
Peut-être que plus tard dans la série, Denis Villeneuve aura plus de liberté créative pour vraiment donner vie à la folie de l’univers Dune, à un Empereur-Dieu de Dune, au Jihad Butlérien, aux manigances du Bene Tleilax et j’en passe.
Bref, si vous hésitez, courrez-y, au moins pour profiter du grand spectacle offert par cette épopée hors normes et pour la BO de Hans Zimmer qui atteint des sommets.