En 1984, j’avais détesté Dune de David Lynch (qui a renié le film). C’était au moment le grand sujet qui divisait les étudiants cinéphiles. Mais j’ai compris pourquoi… En fait … on n’y comprend rien… Si vous n’avez pas lu le livre de Frank Herbert publié en 1965, au moins le premier des six tomes (928 pages en Press Pocket) je vous mets au défi de vous y retrouver! Si vous n’avez pas vu encore la version 2021 de Denis Villeneuve, je vous invite donc à préparer votre séance par la lecture du synopsis… Ou de lire la suite…
« Dune » se passe en 10191. Une guilde spatiale et impériale dirige l’univers où l’intelligence artificielle est proscrite depuis le « djihad butlerien » qui a permis à l’homme de reprendre le contrôle sur les machines pensantes. Le pouvoir est féodal et les Grandes Maisons, sorte d’aristocratie, font face en paix à l’empereur qui a le monopole des voyages interstellaires. La matière la plus précieuse de l’univers est l’épice qui ne se trouve que sur la planète Arrakis que les indigènes, les Fremens, qui vivent cachés, appellent Dune qu’ils estiment colonisée.
L’empereur décide de confier l’exploitation de cette planète dangereuse, composée d’un désert aride infesté de vers géants qu’attire la moindre vibration du sol, à la maison des Atréides, dirigée par le duc Leto. Ce dernier en prend possession accompagné de sa compagne Jessica qui a transmis ses pouvoirs mentaux à son fils Paul, en contravention du droit féminin Bene Gesserit. C’est en fait un piège. L’empereur cherche à se débarrasser de Leto et de sa maison, trop influente à son goût.
Il fait assassiner le duc par son médecin Wellington Yueh, qui est devenu le jouet des Harkonnen qui assaillent les Atréides. Paul et Jessica s’enfuient dans le désert malgré une tempête de sable Coriolis et sont recueillis par un clan Fremen, qui, après un duel, acceptent les étrangers, surtout Paul en qui ils voient un Messie. Paul retrouve du coup la jeune Chani, une Fremen qu’il voyait en rêve et qui est la nièce de Stilgar le chef du clan et la prêtresse de la tribu Sretch Tabr… vous suivez toujours ?
Fin du film et fin du tome 1 de la saga… et j’ai simplifié ! Bien sûr les décors sont à la mesure de la démesure du film et du livre… les vaisseaux, les vers qui gobent tout ce qu’ils trouvent, les drones moustiques, les combats au couteau … on ne s’ennuie pas et ça ferraille à tout va … Sur le fond, le film touche à tout et à rien en même temps. Il parle d’écologie planétaire, d’organisation politique, de géopolitique des maisons princières, de la remise en cause de l’intelligence artificielle, de messianisme etc… etc… je ne sais pas exactement ce qu’il faut en retirer et je suis plus à l’aise avec l’actualité qu’avec le monde dans 9000 ans.
Ce qui est sûr c’est que ni les vertus et ni les vices n’ont disparu et l’humanité a beau être augmentée, les petits hommes, vus de Sirius comme le disait déjà Voltaire, sont tout à leur vanité qui fait tourner le monde, épice ou pas épice…
Il a fallu de la force et beaucoup d’imagination à Frank Herbert pour tirer une saga entière des peu spectaculaires dunes de l’Oregon ( la plus haute fait 45 mètres), la plus grande étendue de sable côtière des États Unis où il fut envoyé en reporter au début des années soixante. Un deuxième volet est annoncé par le réalisateur. Il n’est pas sûr qu’il voit le jour car le film est aussi controversé que le premier opus. Mais bon, « Dune » est tout de même le livre de sciences fiction le plus lu au monde. Ça mérite forcément un détour et je me suis forcé comme vous avez pu le sentir, je crois. Je ne regrette pas!