Timecrimes, débarqué directement en dvd en 2009, fait partie de ces rares chef-d'œuvres passés inaperçus en France. Si les américains nous prouvent sans cesse qu'en terme de science-fiction et d'univers à part, il est difficile de rivaliser, Nacho Vigalondo et son thriller fantastique vient foutre un grand coup de pied à ces préjugés. Car, s'il n'a pas la grandiloquence d'un Butterfly Effect dans sa manière de traiter les voyages dans le temps et les motivations personnelles qui les rejoignent, nulle doute que ce Timecrimes n'a pas grand chose à lui envier.
D'abord sur la tension mise en place, dès le début, dans ce village isolé qu'on rejoint progressivement, de la ville à la nature, retraçant le chemin du personnage principal, vieil homme marié maladroit et pataud. Un insomniaque apparemment inintéressant, à qui il va se mettre à arriver une succession d'évènements troublants. L'intensité grimpe à mesure que ces évènements épisodiques deviennent de plus en plus significatifs. La tension atteint son paroxysme quand en quittant le cadre rassurant de sa maison pour s'enfoncer dans la forêt, il va se rendre compte qu'un meurtrier bandé s'en est pris à une jeune femme et en a à présent après lui.
Tout ce qui s'ensuit va être un condensé de causes et de conséquences, de choix et de destinée toute tracée, où l'incompréhension caractéristique et la peur du personnage ne vont cesser de s'accroître. L'empathie pour cet homme à qui tout semble tomber sur la tête, qui n'a d'autre choix que de fuir dans l'espace, dans le temps, est immédiate. C'est une journée cauchemardesque qui s'installe aux abords de cette propriété en apparence tranquille. Le scénario se met en place comme un château de cartes, chaque détail ayant son importance, rien n'étant laissé au hasard. Et c'est donc avec une certaine fascination et admiration qu'on découvre à mesure que le film avance tout ce qui nous a échappé. Et plus le temps passe, plus le schéma devient complexe, plus on se demande si les questions ne vont pas s'enchaîner à l'infini, si une chaîne interminable n'a pas été créée.
Dans ce cadre espagnol à la fois ravissant et inquiétant, où la mise en scène reste fluide et simple, créant une tension à l'ancienne, s'accordant quelques effets de zoom et autres procédés classiques pour faire monter le suspens, on se perd avec plaisir dans les chemins tortueux du temps, du destin et de l'esprit du personnage. Tout est maîtrisé, calculé et agréable, jusqu'à la bande-son, souvent émanant de radios dispersées ici et là, qui contrastent bien avec la peur et la panique et qui apportent cette touche ironique à l'histoire. Car, si le thriller reste un thriller, si la tension reste réelle, on n'oublie pas de nous glisser pas mal d'ironies et quelques effets comiques réussis, qui permettent de nous détendre et de nous faire apprécier encore plus aisément l'histoire.
Timecrimes est donc une réussite en tout point de vue, qui crée une ambiance à part et qui se démarque avec un scénario maîtrisé et un personnage qui fait naître en nous toute sorte d'émotion. Cette journée pas comme les autres, où le temps n'est plus une constante, restera gravée en nous comme un très bon moment de cinéma, celui où l'on ressent la peur, le rire, le trouble, la fascination, et toutes ces composantes de l'univers de science-fiction, magistral en l'état.