Avant d’être le réalisateur de la trilogie Spiderman, Sam Raimi s’est fait connaître par des petits films d’horreur, en particulier le cultissime Evil Dead. C’est donc une sorte de retour aux sources pour lui que de retrouver l’ambiance d’une petite série B horrifique, entre deux tournages de blockbusters à 200 millions de dollars de budget. Les fans de la première heure l’attendent au tournant, et le cinéma le reconnait comme un auteur à part entière en lui offrant une sélection (hors compétition, faut quand même pas déconner) au festival de Cannes.
Christine est une petite bonnefemme qui bosse dans une banque, avec une bonne bouille et un boyfriend sympa. Entre la rencontre avec ses futurs beaux-parents et ses efforts pour obtenir le poste de directeur adjoint, elle va se mettre à dos une vieille gitane qui lui jette un sort. Et les (gros) ennuis commencent. Du grand classique donc : la petite innocente, gentille comme tout, mignonne mais pas sexy, sur laquelle vont s’acharner les plus noires forces des ténèbres avec une application certaine pendant une heure et demi. Rien ne lui sera épargné, entre les bruits, les visions de cauchemar, les tempêtes et les insomnies. Bonne nouvelle pour les fans : Sam Raimi n’a manifestement pas perdu la main, son film fait vraiment peur : les bruitages, la caméra subjective, les visions, les monstres, tout est au poil. Et ce n’est pas parce qu’il peut avoir des budgets plus larges qu’il noie la pellicule sous les effets spéciaux, bien au contraire, le réalisateur sait bien que c’est ce qu’on ne montre pas qui fait le plus peur. On peut également lui reconnaître peu de compromission au cinéma grand public : entre les projections de fluides corporels très divers, les sacrifices d’animaux et le sort réservé aux vieux, on n’est pas précisément dans le politiquement correct.
Mais le problème, c’est quand même que l’histoire tourne très vite en rond, dans un scénario bizarrement bien paresseux. On est très content de retrouver un petit film d’horreur sanguinolent les 30 premières minutes, mais l’heure suivante n’est que répétition des procédés et des scènes. A la vingtième porte qui claque et à la trentième vision de la vieille en transe, on baille et on attend la suite. On attend que l’histoire décolle vers autre chose qu’une gamine terrorisée et victime. Cela viendra bien sur, mais un peu tard. Alors les vingt dernières minutes valent vraiment le coup, et le dénouement est conforme à ce qu’on peut attendre d’un vrai film de série B, mais on demandera quand même à Sam Raimi de se fouler un peu plus la prochaine fois, y compris quand il tourne une série B.
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