Du réalisateur de "Z" , "L'aveu" et "Le couperet", on ne pouvait qu'attendre beaucoup de son nouvel opus. Malheureusement, le temps des beaux jours est écoulé ; Costa-Gavras, qu'on le veuille ou non, n'a plus quarante ans, et voilà peut-être la raison de la faiblesse de cet Eden bien sirupeux, angélique et mystérieusement puéril (mystérieusement car l'accroche à un cinéma social d'antan, rageur et percutant dans ses idées, semble bien loin de ce nouveau travail du cinéaste). Les intentions, c'est bien connu, sont louables. Costa-Gavras a voulu filmer le voyage hasardeux d'un immigré vers Paris, comme une odyssée où le personnage, légendaire sans légende, devra traverser des épreuves. Bonne idée ; pour tout dire, c'est sur la mer Egée que commence le film, sur ces horizons d'eau sortis des mythes, et de l'Odyssée. L'idée était donc bonne. Etait seulement. Car le film, calvaire pour le spectateur, ne se révèle qu'une fable naïve et grotesque sur le destin magique et totalement improbable des clandestins. Il n'y a pas une situation plausible dans "Eden à l'Ouest" , ainsi la réalité du sujet est bien difficile à n'être considérée autrement qu'un ressort pour une comédie moderne sur la condition des immigrés, là où Costa-Gavras aurait voulu un voyage désenchanté, magique et bouleversant. Qu'il fasse du réel un tremplin pour le rêve, soit. Mais doit-on vraiment croire en son récit et ses multitudes d'informations erronnées? Comme un enfant pour son premier film, Costa-Gavras réussit à accomplir tous les mauvais tics que l'on doit éliminer en début de carrière ; à savoir une absence totale de rythme, une bouillie d'idées destinées dès le début à ne former qu'un pâté, une mise en scène approximative, ni inspirée ni spécialement atroce, une tranche de dialogues qui sonnent faux, et surtout un casting qui confine à l'absence de choix. On ne pourra trouver à ce voyage immature qu'un seul enchantement ; qu'il nous fasse voir tant de beaux paysages, de montagnes comme de campagn