Costa Gavras devrait mieux s'entourer. Son projet est intéressant, généreux, ambitieux, mais le résultat est terriblement décevant, voir gênant. On a l'impression de voir le film d'un réalisateur patriarche,enfermé dans le cercle de ses proches, où personne n'ose vraiment le contredire, lui faire entendre que son scénario est un peu faible.
Un exemple : l'ouverture. Un cargo bondé de clandestins en Méditerranée. A l'approche des côtes de l'UE, le navire est arraisonné et l'équipage se carapate. Quelques clandestins, dont le héros, sautent à la mer pour rejoindre la côte à la nage. On retrouve le jeune homme le lendemain matin, endormi sur une plage où il a échoué. Là déjà, on tique un peu, le procédé clichetonne vaguement, mais bon, on est dans une fable, alors on attend la suite. La suite, c'est des cris de baigneurs, le jeune homme est sur une plage de touristes. Pourquoi pas ? ça s'est vu. Mais en même temps ça tombe un peu bien, ça fait trop sens pour qu'on ne se dise pas que ça tombe bien. Mais bon, encore une fois, on est dans une fable... La suite : la plage s'avère être une plage de nudistes, le symbole est un peu lourd mais pas inintéressant, le "damné de la terre" confronté à l'hédonisme argenté, OK, mais la première rencontre qu'il fait n'est pas une grosse teutonne, c'est une belle jeune femme dont la plastique nous est complaisamment exposée. Là, je me sens mal dans la salle. ça sent le sexagénaire qui se fait plaisir sur le dos de son film. Malaise, malaise...
Toute la suite est à l'image de cette première scène. Beaucoup de scènes démonstratives, de pédagogie soulignée à traits épais et de complaisance. On voit bien ce que Gavras veut faire de son personnage un Charlot d'aujourd'hui. Dans un Charlot, on surfe sur les lieux communs et tant mieux. Mais le film n'est pas assez drôle pour nous faire accepter l'épaisseur de la caricature. Reste juste la caricature, et la complaisance.
Pas bien...