Nous l’aurons compris, LES ETREINTES BRISEES est le film d’une rupture : rupture de Pénelope Cruz avec un homme riche et accaparant, et rupture de Pedro Almodovar avec son habitude de réaliser des films délurés. « Almodovar s’est assagi » ; s’assagir, ce n’est pas forcément mauvais signe…Dans PARLE AVEC ELLE, nous trouvions déjà une dimension de réflexion sur l’art qui lui faisait négliger le détour habituel dans un bordel du coin de la rue. Et, c’était beau. Vraiment. Une beauté rare et authentique.
Cette fois-ci, rupture rime avec insipide. Tout est « plaqué » : omniprésence des références, qu’il s’agisse des goûts du cinéaste (…nous sommes heureux de constater la richesse de sa dvdthèque…et ?), ou une autocitation systématique qui lasse. J’ai cru qu’il souhaitait élaborer une synthèse de son œuvre ; mais, dans ce cas, comment est-il possible de faire quelque chose de si fade, quand on a au moins dix chefs d’œuvre à son actif ?
La superficialité, les personnages artificiels ont toujours été présents dans son œuvre ; mais il y avait quelque chose de drôle, il y avait du charme, du dynamisme. Et, surtout, une émotion sincère traversait l’écran. Vous avez dit émotion ? Vous vous êtes trompé de salle…désormais, on juxtapose les gros plans, on accumule les récits enchâssés, sans finesse (…si on repense au chef d’œuvre qu’est LA MAUVAISE EDUCATION…), et on demande à ses acteurs de pleurer, sans s’arrêter.
Certes, la photographie est belle. De véritables cadrages de publicitaire. Et puis, de manière anodine, la marque du frigo, de l’appareil photo, et de la voiture qui transparaissent très nettement.
Ne voulant pas admettre qu’un film aussi plat soit d’Almodovar, on se rabat sur les décors, pour se consoler. Et on en parle pendant une heure « ah oui, quand même les décors… ».
Je n’ai parlé que de la forme. Un peu dur d’aborder le fond, étant donné qu’il est en surface. Commençons par des personnages désincarnés. Un début qui ressemble à tant d’autres films. Une